Raoul Konan débarque en Allemagne en 1992. Charpentier dans la petite ville de Lübeck, il se lance en parallèle dans le DJing après avoir été fortement marqué par le défilé techno et house music de la Love Parade d'Hambourg en 1997. Quelques années plus tard, le natif d'Agboville, en Côte d’ivoire, monte son label, Baobab Music, dans la ville hanséatique, pour y sortir ses propres productions. Depuis, Mr. Raoul K est l'auteur d'une tripotée de maxis – que je découvre à l’occasion de la sortie de son album. Déjà, son premier EP, Le Cercle Peul, développait une house progressive, aérienne qui avait séduit la critique. L’utilisation de sonorités africaines, dont il revendique clairement la filiation, fait partie intégrante de ses productions. Jusqu’à ses musiciens, qu’il fait venir du continent de ses ancêtres.
Le sorcier aux dreadlocks livre son premier album sur le label japonais, Mule Music, dont le catalogue recèle d’un certain Kuniyuki Takahashi, chroniqué dans les colonnes de Dodb. Une tonalité "world music" pour "Introducing My World" qui commence tout logiquement par l’Afrique. Dans "A Guinean Village", un titre chanté, et soutenu par un jam de percussions, on entend la mélodie d’un sanza électrique, cet instrument typique composé de lamelles de fer. Le morceau suivant, "African Governement", installe sur un rythme plus soutenu, une atmosphère brûlante, avec son tourbillon continuel de cordes. Les motifs mélodiques reprennent ces figures géométriques, que l’on retrouve sur la pochette de l’album. C’est notamment le cas du l’excellent titre "Japon Japon" qui évoque aussi bien la pays nommé qu’une peinture de Vasarely.
Avec "Himalaya", un titre qui nécessite le port d’un masque à oxygène, on entame une ascension vertigineuse. L’image était inévitable, tant cette tension se retrouve durant tout le morceau. Pas d’apex, mais une grimpette sans fin où les accords de piano se perdent quelque part, plus haut. Aller, puis retour sur le continent africain avec "Li Voi Rien", au jeu de mot évident qui alterne chant et word speaking. La deuxième partie de l’album se fait plus house. Les sonorités africaines sont toujours présentes, mais les passages chantés disparaissent au profit de l’instrumental. Le titre "Le Cercle Peul", aux mouvements concentriques, semble ne jamais s’arrêter. Si l’album peut sembler par la suite un peu plus aride que certains d'anciens morceaux comme "Le Tchadien" ou "Abuja", Mr. Raoul K s’affirme d’une grande maturité et d’un talent certain pour la musique électronique.
En bref : Premier album et premier sans faute pour un DJ de grande envergure. D’une richesse étonnante, Introducing my world impose un artiste à suivre de près.
"Himalaya" :
"Japon Japon":