Titre : La Lamentation du prépuce
Edition : 10-18 Aout 2009 (306pages)
Quatrième de couverture : « Jeune époux et futur papa, Shalom pourrait être le plus heureux des hommes. Mais l’enfance peut commettre bien des ravages… Élevé dans la plus stricte orthodoxie juive, il en a gardé une vision très personnelle du » Tout-Puissant » et une paranoïa aiguë. Trente-cinq ans que cela dure. Trente-cinq ans d’une relation complexe, faite d’incompréhension et de pure terreur. Alors, à l’adolescence, Shalom s’est rebellé : gavage de hot dogs, lectures pornos… Et il a attendu, tremblant, le châtiment divin. Mais rien… Aujourd’hui, la grossesse de sa femme le laisse désemparé. Partagé entre son désir d’émancipation et sa peur maladive de Dieu, le voilà confronté à l’agonisante question : quel sort doit-il réserver au prépuce de son enfant ? »
Le personnage se retrouve coincé dans une névrose sans précédent. Victime d’une éducation juive orthodoxe extrémiste, d’une succession d’exagérations, son raisonnement part complètement en cacahuète, persuadé que le Bon Dieu –le très haut, Ce Salaud !- le persécute. « Tu penses vraiment qu’Il te persécute ? lui demandent à tour de rôle sa femme Orli et Ike son psychiatre. Les trouvant naïfs et ingénus, il leur dit, un petit sourire aux lèvres : Je ne le pense pas, je le sais ! On le sent bien au fil des pages, Shalom a une tandance à la culpabilité pathologique, une propension à l’expiation qui tout sauf normale. Poussée à l’extrême.
« En voiture un Shabbat ? Transgression majeure. Et ce n’est pas seulement que tu es dans une bagnole un samedi, tu es en plein processus d’intégration. Tu termines ce que Hitler a commencé », dit-il en milieu du livre.
Ce roman évoque exclusivement la culture juive, dont je ne connaissais que très peu de choses, l’algérien que je suis, ne compte aucun juif dans son entourage, et ce n’est pas du tout un choix personnel, mais trouver un juif qui ne se cache pas en Algérie, ça revient à trouver une prostituée en minijupe dans les rues de Kaboul. Je vis dans une société qui ne me ressemble pas, une société où hélas, juif est une insulte. Tout comme copte. La tolérance en Algérie, c’est quelque chose qui ne courent pas les rues. Hélas ! Et ce roman, je pense, pourrait expliquer beaucoup de choses.
Donc, ce roman parle de culture juive, de son déroulement, de ses conséquences, et des conséquences de la propension aux extrémismes. Cela pourrait s’appliquer également à une société comme la mienne, comme je le disais plus haut. La pauvre société algérienne, qui après avoir flirté avec l’extrémisme islamiste, a enfanté 30 millions de Shalom, tant de névrotiques, de complexés et de malades. Je n’ai qu’à tendre l’oreille dans le bus, dans un café à la fac, pour écouter des discours hallucinés à la Shalom.
Shalom lui, tente de régler, ou peut-être, à peine identifier. En tout cas, il le transcende au prépuce de son fils qui va bientôt naître. Et chez nous ? Quand est-ce qu’on fera de même ? J’ai bien aimé la symbolique autour du prépuce. Symbolique bien que lubrique, reste sérieuse et chargée d’ironie. Exorciser ses démons religieux en coupant (à sa manière) le bout de prépuce de son fiston.
Je m’attendais à rire beaucoup plus, mais cela reste drôle. Drôle, ironique et bien que hautement blasphématoire, La Lamentation du prépuce est finalement une belle leçon de tolérance et un appel impérieux au sang-froid.
Shalom Auslander est né à Monsey, dans l’Etat de New York, dans une famille juive orthodoxe. Nominé pour le prix Koret, il a publié des articles dans Esquire et The New Yorker. La Lamentation du prépuce est son premier livre. Il est également l’auteur d’un recueil de nouvelles, Attention Dieu méchant, paru aux éditions Belfond en 2009. Shalom Auslander vit à New York avec sa femme et leur fils. Site de l’auteur : www.shalomauslander.com
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