Porte de Bagnolet, Paris, un ancien cinŽéma
Le carrefour de la porte de Bagnolet, un champ de bataille avec l’installation du tramway périphérique Parisien. Une grande bâtisse le long du boulevard Davout flanquée de deux maisons plus que centenaires, une grande surface aujourd’hui. Ce lieu était celui du cinéma naissant, mais la consommation alimentaire a pris le pas sur la consommation de rêves. Un coin d’obscurité déchiré par le faisceau de la projection d’un film. Des générations emportées par ces spectacles aux scénarios simples ou complexes, mais toujours magiques, au début.
L’architecture préservée laisse apparaître des volumes que les techniques employées à cette époque héroïque justifient.
Une entrée monumentale pour l’accueil du public, une terrasse sur laquelle est posée une maisonnette, en fait, l’ancienne cabine de projection.
Depuis l’incendie meurtrier du Bazar de la Charité en mai 1897, des règles strictes sont édictées pour prévenir toute catastrophe lors de l’inflammation ravageuse des films en nitrate de cellulose. Les cabines de projection, de vraies fournaises, étaient depuis ce temps, perchées à l’extérieur du volume de la salle. L’apparition des films dits non flamme ont donné ensuite d’autres latitudes aux architectes.
Cette disposition explique la forte inclinaison du toit. Le faisceau de projection devait atteindre l’écran au fond de la salle en évitant le public, mais aussi souvent un balcon sur le modèle des salles de théâtres classiques.
L’inconvénient était une forte déformation de l’image projetée. En fait peu visible par le spectateur, car la focale de l’objectif de projection permettait une grande profondeur de champs, donc une image nette de haut en bas. Un cache dans le champ optique de la lanterne évitait la projection en trapèze au détriment de l’intégrité de la composition de l’image à la prise de vue.
Un cinéma, s’était une bâtisse, des stucs, des rangés de fauteuils, un écran étroit, une lanterne de projection portée au rouge par l’intensité de la source lumineuse, un lustre mobile suspendu à un treuil pour disparaître lors de la projection et parfois un
harmonium ou mieux un orgue. En 1926, en France, un haut-parleur fut installé derrière l’écran pour diffuser une bande sonore irréelle.
Une sorte de grande boîte décorée où un public encore sensible aux effets simples venait pour vivre plus deux à trois heures de distraction et d’émotion, les attractions durait plus longtemps que le film.
Ces volumes préservés révèlent les traces d’une époque de l’histoire du spectacle projeté.
Daniel Hennemand, v1.0
EDILLIA, gestion de photothèques d’entreprises