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J’ai vu le spectacle dans les pires conditions, coté Jardin, sur une chaise éloignée, me disantqu’à moins d’être pourvue d’un cou d’autruche je ne verrais rien. Je me rassurais en me persuadant que l’acoustique serait bonne. Erreur : je n’ai pas perdu une miette du duel car la mise en scène permet à tous les spectateurs de profiter du spectacle. Je vous le dis pour vous rassurer. Cette fois tout siège est bon à prendre.
On connait tous cet épisode de l’Histoire contemporaine, encore proche. Plusieurs quartiers de Paris ont failli sauter la nuit du 25 aout 1944, juste avant l’arrivée des Alliés et on doit la sauvegarde de la capitale à la désobéissance d’un général allemand. Et pourtant il se dégage un suspense formidable de la pièce que Cyril Gely a brodé avec force circonvolutions rhétoriques.
Dans la réalité le diplomate suédois Raoul Nordling a tenté de dissuader le général von Choltitz, alors gouverneur de Paris, de mettre le feu à la ville. C’était le propos du film de René Clément, Paris brûle-t-il ? et du terrible face à face entre Orson Welles et Gert Froebe dans une suite de l’hôtel Meurice. Le général reste seul pour prendre sa décision.
Cyril Gely fait revenir le diplomate suédois. Il imagine une fiction plausible, à partir des tempéraments supposés des personnages ayant réellement existé, autour d’un sujet qui revient de manière récurrente dans la vie politique : le devoir de désobéissance. Question philosophique qui pourrait surgir aux épreuves du Bac et qui taraude forcément l’être humain.
Il ne s’agit pas de restituer la vérité historique mais de traiter les choses d’un point de vue plus global, et plus psychologique autour d’une problématique qui pourrait nous concerner un jour, à plus d’un titre.
Niels Arestrup interprète Dietrich von Choltitz et André Dussollier joue Raoul Nordling, le consul général de Suède à Paris. Tous deux sont sur la liste des nominations comme meilleur comédien. Je rêverais d’un résultat qui les placerait ex-aequo parce que si le premier est excellent c’est parce que le second l’est tout autant.
Niels Arestrup évolue avec subtilité et délicatesse, sans jamais perdre un accent allemand d’une telle légèreté qu’on le jurerait naturel. La gamme des sentiments de son personnage évolue sur un large registre, gagnant l'empathie d'un public qui ne pouvait pas être disposé à le donner gratuitement à son personnage. On sait que c’est un immense comédien mais réussir à tirer les larmes de l’assistance avec un tel rôle relève du génie.
André Dussolier ne lâche pas le terrain sur lequel il avance comme un chat qui se parie capable de faire reculer un éléphant. C’est un moment de pur régal dont on ne perd pas un murmure. Si vous n'avez pas le temps d'y aller d'ici la fin de la semaine ce sera un superbe cadeau de Noël pour vos amis et votre famille.
Quant à moi il me tarde d'être à dimanche pour les entendre de près.
Avec André Dussollier, Niels Arestrup, Roaman Kané, Olivier Sabin et Marc Voisin.
Mise en scène de Stephan Meldegg
Conseillère artistique Béatrice Agenin
Décors Stéphanie Jarre, Costumes Véronique Périer
Lumière Roberto Venturi, Son Michel Winogradoff
dernière représentation le 17 AVRIL 2011 à 15h avant la reprise du 1er Octobre au 31 décembre, du mardi au vendredi à 21h, le samedi à 18h et 21h
Théâtre de la Madeleine, 19 rue de Surène, 75008 Paris, 01 42 65 07 09