Selon cette étude menée à l'Université du Texas, l'exposition répétée à l'éthanol augmente la plasticité synaptique dans une zone clé du cerveau qui gère l'apprentissage et la mémoire. Des conclusions publiées dans l'édition de mars du Journal of Neuroscience qui confirment que consommer de l'alcool n'est pas bénéfique à l'apprentissage et à la mémoire “ordinaire” mais, en revanche développe la mémoire subconsciente de tout ce qui gravite autour de la situation de consommation, créant ainsi une dépendance non seulement à la boisson mais aussi à la situation dans son ensemble. Intervenir sur la transformation des synapses pour “effacer” la mémoire subsconsciente pourrait constituer une nouvelle voie de traitement de la dépendance.
De l'apprentissage et la mémoire de notre subconscient : L'idée établie que l'alcool est mauvais pour l'apprentissage et la mémoire n'est pas fausse, précise le neurobiologiste Hitoshi Morikawa, mais elle ne traduit qu'un aspect de l'effet de la consommation d'éthanol sur le cerveau. «Habituellement, lorsqu'on parle de l'apprentissage et de la mémoire, nous parlons de la mémoire consciente», explique H. Morikawa, «L'alcool diminue notre capacité à conserver des éléments d'information comme le nom d'un collègue, ou la définition d'un mot, ou où l'on a garé la voiture ce matin. Mais notre subconscient apprend et mémorise aussi et l'alcool peut accroître sa capacité à apprendre ou du moins sa propension à apprendre.
L'exposition répétée à l'éthanol augmente la plasticité synaptique dans une zone clé du cerveau, constate H. Morikawa, qui apporte une preuve supplémentaire au consensus de la communauté des neurosciences, à savoir que la toxicomanie et l'alcoolisme sont fondamentalement des troubles de l'apprentissage et de la mémoire. Lorsque nous consommons de l'alcool (ou une drogue), notre subconscient apprend à consommer plus. Mais il ne s'arrête pas là. Nous devenons plus réceptifs à la formation de souvenirs ou d'habitudes liées à la nourriture, la musique, à certaines personnes ou certaines situations sociales présents lors de la consommation.
La mémoire subconsciente aiguisée en cas de consommation d'alcool: Dans un certain sens, explique le scientifique, les sujets alcooliques ne sont pas dépendants de l'expérience du plaisir ou du réconfort qu'ils tirent de l'alcool. Ils sont accros à une constellation de signaux environnementaux, comportementaux et physiologiques qui se trouvent renforcés lorsque l'alcool déclenche la libération de dopamine dans le cerveau.
Le rôle de la dopamine: “Les gens voient souvent la dopamine comme un émetteur de bonheur ou de plaisir, mais c'est, plus précisément un émetteur d'apprentissage”, explique H. Morikawa. "La libération de dopamine renforce l'activité des synapses." L'alcool, dans ce processus est un catalyseur. Il détourne le système dopaminergique et explique au cerveau que ce que nous faisons est gratifiant. Parmi les choses que nous apprenons en consommant de l'alcool, c'est que la consommation d'alcool est gratifiante. Mais nous apprenons aussi beaucoup d'autres choses, qu'il est plaisant d'être dans un bar, de discuter avec des amis, de déguster certains aliments ou d'écouter certains styles de musique. Plus nous consommons d'alcool et plus de dopamine nous libérons, plus nos synapses sont réceptives et plus nous avons envie de l'ensemble des expériences et des associations qui gravitent autour de la consommation d'alcool.
A partir de ces conclusions, le Pr. Morikawa espère pouvoir développer des médicaments anti-addiction qui pourrait affaiblir, plutôt que de renforcer, les synapses clés avec l'objectif d'effacer la mémoire subconsciente de la dépendance.
Source: Journal of Neuroscience et University of Texas at Austin “Alcohol helps the brain remember, says new study” (Visuel NIAAA-NIH,
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