L’accumulation de devises par la Chine, dont les réserves de change ont dépassé les $3.000 milliards de dollars, symbolise au premier abord l’enrichissement rapide du pays, mais également le signe d’un dysfonctionnement de la deuxième économie mondiale.
La Banque populaire de Chine a annoncé que ses réserves de change, les plus importantes au monde devant celles du Japon, avaient augmenté de $197 milliards au premier trimestre pour atteindre $3.050 milliards soit le triple des réserves japonaises. Sur les dix dernières années, les réserves ont été multipliées par 17.
Pour chaque dollar engrangé, la Chine imprime 6,5 yuans, irriguant son économie de liquidités. Or Pékin peine justement à drainer les flux excessifs de liquidités et connaît une inflation approchant d’un plus haut de trois ans.
Pour neutraliser cet excès de liquidités, la Chine a entrepris des opérations dites de « stérilisation », en procédant notamment au relèvement des réserves obligatoires des banques à 20%, afin de limiter le crédit.
Selon la plupart des estimations, les besoins de réserves de la Chine s’élèveraient à environ $780 milliards. Ce montant permettrait de se conformer aux normes de garantie standard en cas de crise financière, à savoir financer trois mois d’importations et couvrir l’ensemble de la dette chinoise à court terme.
Où investir ces $3.000 milliards ? Cette gigantesque somme laisse peu de possibilités en dehors du placement dans la dette américaine, ce qui implique que Pékin soit vulnérable aux fluctuations du dollar. La Chine est le premier détenteur étranger d’emprunts d’État américains, avec $1.150 milliards de dette américaine fin janvier.
Toutefois, Pékin commence progressivement à réaliser qu’un yuan plus fort permettrait de mieux combattre l’inflation. La banque centrale a annoncé permettre les transactions entre le yuan et un éventail plus étendu de devises sur son marché local des changes, soulignant la détermination de Pékin à accroître le poids de sa devise sur la scène internationale.