Loi après loi, façade après façade, hypocrisie et miroir aux alouettes. Depuis la nuit des temps, les putes paient cher le prix de nos principes judéo-chrétiens sans jamais aucune contre partie. Humiliées, rejetées par les gouvernements successifs, elles errent aussi dans un no woman's land qui ne leur accorde aucun statut.
Et pour l'Etat, c'est tout bénèf'.
La prostituée n'est protégée ni socialement, ni financièrement (pas fréquent qu'une pute pointe au pôle emploi…). Elle paie en revanche des impôts. Et subit chaque année cohorte de propositions législatives toutes aussi infécondes qu'infructueuses, mais dont l'intérêt est de détourner les électorats des "vrais" problèmes de société.
Cela dit, posons vite le préalable à ma colère. Je n''évoque pas dans cette zumeur les véritables victimes d'une circuit de prostitution organisée, recrutant vers l'Est des jeunes filles à peine pubères que de gros pédophiles refoulés "violent" avec leur consentement arraché sur une aire de périph'. Car ces filles là dérouillent quant elles ne ramènent pas de quoi. Et sont tellement fracassées par l'héro qu'elles ne refuseraient pas le plus pervers d'entre-eux. Les sévices, elles connaissent, tout autant que le mépris d'une société bien pensante. Simplement, elles n'ont pas le choix. Et quid de les aider? Un charter, le tour est joué.
Non, je parle de celles, elles sont nombreuses, et de ceux, pas de sexisme, qui ont choisi de louer leur corps librement en échange d'argent. Libre de corps. Libre d'esprit. Libre de mac. Libre de baiser, d'aimer ça. Ou pas. Mais d'en vivre. Putain!
Ce que Rosie Bachelot appelle ce matin dans Libé "la vision folklorique" du métier. Car elle s'y connaît, la Rosie. On sent bien dans ses propos qu'elle a longuement rencontré des prostituées de métier. Qu'elle a cherché à comprendre. Que c'est une femme de coeur. "La prostitution n'est jamais consentie" déclare-t-elle….
Sans vouloir tartiner mon CV, j'ai par le passé écrit un long dossier sur le sujet, suivi pendant des mois des putes consentantes, parfois très cultivées, toujours humaines et respectueuses de leurs clients, des mamans parfois, dont certaines appréciaient vraiment leur spécialité et n'en tiraient aucune honte. Mais indéniablement un certain profit!
Rosie, elle, ne couche pas. Elle fait l'amour. Jamais par intérêt, n'en doutons pas un instant. Chez ces gens là, madame…
Nico, Rosie, Brice de Paris, sortez de vos cocons. Et n'oubliez jamais que le plus vieux métier du monde survivra à vos principes raccourcis autant que rétrogrades, et même humiliants à foison. Pour elles, et pour ceux qui, à l'instar du comédien et auteur Philippe Caubère, ne vont pas aux "putes" par frustration mais par amour. Des femmes, du sexe. Encore qu'être frustré et trouver vagin à sa verge me semble plus sain et tellement plus joli que de télécharger sur le net des photos "libres de droit"…
Revenons à nos toisons. 6 mois de prison. 3 000 euros d'amende. Voilà ce qu'encourt le client. Quant à la prostituée, j'imagine un instant son ressenti purement émotionnelle lorsque la BAC cognera au fourgon pour la surprendre les quatre fers en l'air, comme une vulgaire chienne en chaleur. Allez-y politiques, continuez de violer nos vies intimes! Continuez de chercher des poils aux oeufs. Vous ne tuerez pas le poussin lové dedans, vous engendrerez une marginalisation encore plus accentuée de ces professionnelles du sexe qui souhaitent juste qu'on leur lâche…la grappe? Facile.
Et pour clore le sujet, cinéphiles, femmes et hommes de coeur comme de cul, retournez voir "les enfants du Paradis". Un film tellement…Folklorique…Hein Rosie?
Enfin, moi, ce que j'en pense...
Fanny Lesguillons