Michel Peyramaure, né à Brive, en Corrèze, en 1922, est l'auteur de nombreux romans d'aventure, la plupart baignée dans l'histoire de France. Nombre d'entre eux ont d'ailleurs fait l'objet de traductions. En 1979, il reçoit le Grand Prix de la Société des gens de Lettres pour l'ensemble de son oeuvre.
Parmi ses romans, l'on peut distinguer notamment une série de portraits intitulée Les trois bandits, trilogie consacrée aux brigands célèbres : Cartouche, Mandrin et Vidocq (publiés entre 2006 et 2007). C'est le dernier tome que je vais vous présenter aujourd'hui.
Robert Laffont, 378 pages
Rares sont les destins aussi extraordinaires que celui d'Eugène-François Vidocq. Ce personnage hors du commun, tant par son physique que par sa vie aventureuse, à qui l'on reprochera toute sa vie d'avoir été un bagnard, a aussi bien inspiré de célèbres écrivains tels Victor Hugo ou Honoré de Balzac, qu'alimenter le cinéma et la télévision. François Vidocq est né le 23 juillet 1775 à Arras, dans le Pas-de-Calais. Fils de Nicolas Vidocq, maître boulanger et d'Henriette Dion, il n'est pas prêt à reprendre le travail harassant de son père ; échappant à son autorité et en compagnie de son frère Ghislain, il entre de bonne heure dans la petite délinquance, avec une surprenante précocité et des dons incontestables. Adolescent batailleur, il débute par quelques larcins dans la maison paternelle, lesquels grossissent très vite jusqu'au détournement osé de deux mille francs à son père. Il s'enfuit du domicile familial. Pour échapper à la police, il s'engage dans l'armée révolutionnaire avant de déserter. Voleur et escroc, il est condamné aux travaux forcés à l'âge de 22 ans. Conduit au bagne de Brest, il s'évade avant d'être à nouveau arrêté en 1799 et conduit au bagne de Toulon, d'où il réussit une énième évasion qui lui vaudra cette fois la notoriété et le respect du milieu. Il décide de s'implanter à Paris mais la vie lui est très difficile ; acculé, il prend le parti d'aller offrir son concours à la police parisienne, sous la seule condition de finir sa peine dans la maison de force qu'on voudrait lui désigner. Indicateur au départ, il devient un collaborateur si efficace que le préfet le nomme en 1810 à la tête d'une nouvelle brigade de sûreté, composée exclusivement de condamnés libérés, soucieux de se racheter une nouvelle conduite. Cette entreprise très controversée consistera à infiltrer les crapules afin de mieux les cerner et déjouer leurs méfaits. Vidocq saura sans difficulté se complaire dans la ruse et dans l'art d'astucieux déguisements. Cette méthode innovante se révélera prometteuse et pleine de succès, pour quelques temps...
Mon avis : écrivain et historien de qualité, Michel Peyramaure est avant tout un formidable conteur qui parvient à faire transporter le lecteur dans sa propre imagination. Le roman restitue pleinement le personnage dans son histoire réelle.
Outre la vie incroyable de Vidocq, le roman est un témoignage fort intéressant sur la police et les moeurs criminels du XIXe siècle.
François Vidocq est digne d'un personnage de roman. Jeune homme à tendance impulsive, il est surtout épris de liberté, il aime les femmes et les duels. Il tombera entre les mains de la justice pour des petits délits qui vont cependant entacher durablement sa réputation. Ses ennemis sont partout : dans la pègre mais aussi au sein du pouvoir. Cela ne l'empêche pas d'être enthousiaste des nouveaux gouvernements, qu'il s'agisse du Consulat, de la Restauration ou de la Deuxième République (1848-1852). Il sera néanmoins très critique envers le régime du Second Empire et Napoléon III.
François Vidocq meurt en 1857, âgé de quatre-vingt-deux ans. Escroc, forçat puis infiltré, il bouleversera, avec un talent certain, la brigade de Sûreté de Paris avant de se mettre à son propre compte en créant en 1833 la première agence française de détectives privés.
Ne souhaitant pas vous en dévoiler davantage, je vous recommande cette très belle découverte littéraire et biographique.