Jésus de Nazareth, De l’entrée à Jérusalem à la Résurrection est sans doute le dernier livre savant de Benoît de XVI. A travers cette œuvre si magistrale, si profonde, si dense, écrite dans une langue magnifique, il clôt, pour ainsi dire, toute sa longue recherche théologique centrée sur la christologie. Une christologie, qui en dépit de son existence millénaire, reste encore méconnue par tant de nos contemporains. Oui le Christ continue à s’adresser à chacun de nous, il toque à nos vies hermétiques, il vient à notre rencontre, il veut que nous entendions son message salvifique. Le monde, marqué par le relativisme et le laïcisme, est le lieu où résonne encore sa miséricorde. Mais, attention, dans ces 349 pages, il ne s’agit pas, véritablement, d’une catéchèse. Le dessein de Joseph Ratzinger est de nous montrer qu’entre le Jésus de l’histoire et le Jésus de la foi, il n’y a fondamentalement pas de différence. C’est le même qui a chassé les marchands au temple, c’est le même qui a multiplié les pains à Cana, c’est le même qui est ressuscité d’entre les morts… Là, on voit Jésus tel qu’il est présenté par les canons. Et dans ce travail d’érudition, le Pape n’oublie pas de faire référence à certaines exégèses récentes qui font autorité. Mais il ne s’y attarde pas, longtemps. Pourquoi ? Peut-être par souci de ne pas engluer son lecteur dans des spéculations inutiles, moins propices à une saine compréhension des choses. Petite halte au chapitre 7. Benoît XVI y aborde le procès de Jésus. Il clarifie le fait que ce ne sont pas les Juifs, comme communauté, qui sont responsables de la mort du Rédempteur, mais plutôt l’aristocratie du Temple. Intéressante mise au point. Puisque jusque-là persistait encore une certaine théologie faisant du peuple juif, le peuple déicide. Et ce Jésus viendra-t-il comme le chante la parousie ? L’auteur nous exhorte à y croire et faire nôtre ce cri : « Mara tha ! Viens Seigneur ! »
Guillaume Camara