(Éditions Héloïse d’Ormesson, 2010, 235 p. et Livre de Poche, 2011, 286 p.)
Envie de … résumer :
Une banale histoire de voisinage ?
Un mari souvent absent. Un métier qui ne l'épanouit guère. Un quotidien banal. Colombe Barou est une femme sans histoires. Comment imaginer ce qui l'attend dans le charmant appartement où elle vient d'emménager ? À l'étage supérieur, un inconnu lui a déclaré la guerre. Seule l'épaisseur d'un plancher la sépare désormais de son pire ennemi... Quel prix est-elle prête à payer pour retrouver sommeil et sérénité ?
Envie de … donner mon avis :
Le hasard du calendrier fait parfois bien les choses … Je terminai Le Voisin la veille de ma visite au Salon du Livre de Paris Edition 2011, au cours duquel je rencontrai Tatiana De Rosnay (et lui fis dédicacer mon exemplaire du Voisin, bien évidemment … !).Je garde de Tatiana l’image d’une femme souriante et accessible, disposée sans hésitation aucune à prendre la pose aux côtés de ses lecteurs, et surtout, une femme non dénuée d’humour.
Mais focalisons-nous maintenant sur Le Voisin. Pour commencer, j’ai été tout particulièrement touchée par le portrait de cette femme sobre et ordinaire, pour ne pas dire fade à première vue, dont le métier lui-même reflète la personnalité : bien qu’elle rêve d’écrire un jour son propre livre (projet dans lequel elle ne parvient pas à se lancer), Colombe « écrit des livres qui ne porteront jamais son nom sur la jaquette ». « Nègre » dans une maison d’édition, Colombe vit dans l’ombre, non seulement à son travail, mais tout autant à la maison : dans l’ombre de sa sœur, qu’on écoute et qu’on respecte ; dans l’ombre de son mari qui, absent régulièrement du foyer, ne mesure pas la dévotion sans limite de sa femme au bien-être de ses enfants et de lui-même.
Ce décor planté, Tatiana De Rosnay nous décrit l’enfer de cette femme confronté au comportement énigmatique (non, je n’en dirai pas plus !) de son voisin du dessus, ennemi intime dont elle ne connaît que le nom.
La tension est palpable, et le malaise bien réel : taxée de « bobonne à l’imagination débordante », Colombe se bat pour prouver (et peut-être aussi SE prouver ?) qu’elle n’est pas folle. C’est là justement ce qui m’a empêché de poser le livre avant la fin : est-elle folle ? Décortiquant avec précaution le ressenti physique et psychique du personnage, l’auteure explore abondamment les ressorts de l’analyse psychologique, brouille les pistes et nous fait perdre pied. Mais c’est tellement bon !
Au fil d’un récit sombre et envoûtant, d’une l’intensité remarquable, Tatiana De Rosnay mêle habilement le registre du roman à celui du thriller. Le Voisin (le livre et le personnage !) a joué avec mes nerfs, et j’ai adoré ça …