Alors que se termine une semaine de revers diplomatiques et militaire pour le duo Sarkozy-Cameron (voir mon post “La France et l’Angleterre de plus en plus isolés“), Obama donne de la voix pour tenter de recoller les morceaux d’une “coalition” déjà bien délitée.
Cela prend la forme d’une tribune commune Obame-Sarkozy-Cameron qui parait aujourd’hui simultanément sur le «figaro» (France), «The Times» (Royaume-Uni), «The International Herald Tribune», «The Washington Post» (États-Unis) et «al-Hayat» (monde arabe).
Les trois initiateurs de l’intervention en Libye nous expliquent qu’”il ne s’agit pas d’évincer Kadhafi par la force” mais que par contre, ils continueront à bombarder la Libye tant que Kadhafi ne sera pas parti. Il s’agit là certainement d’un langage codé, compris d’eux seuls, et manifestement, peu de dirigeants dans le monde ou même au sein de l’OTAN ne le comprennent.
Cette tribune intervient au moment où les ministres des affaires étrangères des pays de l’OTAN se réunissent pour la deuxième journée consécutive à Berlin et où apparaissent des incompréhesions voire des tensions de plus en plus importantes entre les alliés sur le rôle de l’OTAN.
La plupart des pays membres considèrent en effet qu’en Libye l’OTAN n’intervient qu’en tant que “fournisseurs de service” de logistique de pilotage des opérations pour le compte de la coalition, et que cette intervention n’engage en aucun cas ses membres.
Peu de chance que l’intervention d’Obama change la donne. Il faut dire que ces trois là ont multiplié les erreurs et les cafouillages pour en arriver à la situation actuelle.
Rappelons en particulier qu’alors que la crise Libyenne commençait, deux intiatives diplomatiques ont été lancées, l’une par l’Union Africaine, l’autre par le président Chavez. Ces deux initiatives ont été bloquées immédiatement par le trio Obama, Cameron et Sarkozy, alors même qu’elles avaient été acceptées par Kadhafi.
De même Kadhafi lui même a demandé l’intervention d’une mission d’observation de l’ONU sur le terrain, pour vérifier la réalité des massacres dont on l’accusait, demande qui a aussi été bloquée au Conseil de Sécurité.
Le résultat de ces blocages a conduit à l’encerclement de Benghazi par l’armée Libyenne, puis à l’escalade que nous connaissons ensuite.
On ne saura jamais combien de morts auraient été évités si le trio Obama – Sarkozy – Cameron avait appuyé ces initiatives diplomatiques plutôt que de les torpiller.
Et même si l’adhésion de Kadhafi à ces initiatives diplomatiques n’était qu’un accord de façade visant à gagner du temps, ce temps aurait aussi servi à obtenir un véritable soutien à une intervention militaire et mettre en place une vrai coalition.
L’objet de ces lignes n’est pas de soutenir Kadhafi et son régime, loin s’en faut, mais plutôt de pointer l’amateurisme coupable dont ont fait preuve en particulier Sarkozy et Juppé dans cette affaire, amateurisme dont souffriront pendant longtemps les intérêts de la France en Afrique.
Il s’agit aussi de pointer le “double standard” qui fait qu’on intervient militairement en Libye et qu’on se contente de communiqués au Bahrein, au Yemen, aujourd’hui en Syrie et depuis toujours en Palestine.
C’est ce “double standard” qui mine la paix dans le monde et créé les fondements du terrorisme en alimentant un ressentiment vis à vis de l’occident.