Quand les producteurs d’OSS 117 font dans le film de capes et d’épées, Fanfan la Tulipe refait l’histoire version Robin des Bois du pauvre, entre romantisme éculé et personnalité absente. N’est pas Jean Dujardin qui veut.
Loin d’être une catastrophe, ce Philibert est même plutôt plaisant à voir. Version parodique volontairement moderne d’un film de princesse et prince charmant, cet ersatz de Shrek en live comporte malgré tout de nombreuses faiblesses qui ne lui permettront pas d’atteindre le statut culte de quelques uns de ses aînés. Nous voici en présence donc de Philibert, jeune jouvenceau romantique mais puceau, dont le physique galbé n’a d’égal que son ignorance des choses de la vie. Pourtant, c’est pas faute de : les demoiselles, il les attire. Mais les ignore totalement, concentré sur son destin. Et de vie, Philibert se découvre noble, avec une famille à venger d’un odieux comte (Astier, ici en comédien visiteur, bridé par un scénario ne le laissant, hélas, pas s’exprimer). Nous voici sur la route, écuyer à ses côtés (Payet, pas assez exploité), pour venger l’affront et secourir la princesse (de Navarre, ou Navarre tout court). Le reste est Histoire.
Avec la malice d’un Astérix, et l’arrière goût d’un vieux reste du nouvel esprit de la série OSS, Philibert se veut truculent et bondissant. Le personnage principal dégage une sexualité et un sex appeal trouble hérité de ce bon vieux Hubert Bonnisseur de la Batte, sans en avoir le talent. Jérémie Renier a beau bondir de ci de là, il n’a pas (pas encore) l’envergure d’un Dujardin. Le reste, reconstitution volontairement carton pâte de chateaux et de donjons, se prête à l’humour et la galéjade, pour un film très 3e degré dont certains dialogues vous resteront en bouche. Malgré tout trop inconsistant pour être réellement percutant, ce Philibert se jouera de vous comme d’une donzelle de basse cour, se voulant plus comique dans ses maladresses que dans ses intentions. A trop vouloir faire du copier/coller de ses aînés, le film oublie de se forger une réelle personnalité, et la jolie histoire sera vite oublié. Dommage, on aurait aimé voir certaines choses plus creusées, tels les seconds rôles (Savin, Proust..) en arrière plan, ou la folie créatrice plus débridée en lieu et place de quelques piques savamment distillées. Philibert, Capitaine Puceau, n’est pas encore totalement arrivé à maturité.