Magazine Cinéma

Générosité

Par Irreguliere

generosite

S'il est exact que Jen ignore la tristesse, elle rate une chose profonde, mystérieuse et essentiellement humaine. Tel est mon sentiment et je l'exprimerai aussi longtemps que je n'aurai pas trouvé la bonne dose de Paxil...

 

Plusieurs blogs ont parlé de ce roman, et il m'intriguait beaucoup, car il aborde un thème qui est l'objet de profondes réflexions métaphysiques de ma part depuis quelques temps. Aussi lorsque Solène des éditions du Cherche-midi m'a proposé de me l'envoyer (on y verra une nouvelle fois une coïncidence troublante), je n'ai pas hésité !

 

Russel Stone, qui anime un atelier d'écriture à l'université de Chicago, est profondément troublé par une de ses étudiantes, Thassa Amzwar. Il ne s'agit pas d'un trouble amoureux, simplement la jeune femme, immigrée algérienne, qui a vu et vécu des atrocités sans nom dans le passé, semble pourtant d'une légèreté et d'une gaité inexplicable. D'ailleurs, tout le monde est sous son charme, subjugué par la luminosité qui émane d'elle et fait que rien ne semble pouvoir la blesser ni la rendre triste. Bientôt, un mot un peu barbare est utilisé pour la désigner : elle serait hyperthymique. L'hypothèse ne séduit pas tant que ça la psychologue de l'université, Candace Weld, que Russel a contactée pour lui parler de la jeune Kabyle, mais pourtant, elle aussi ne tarde pas à tomber sous son charme. Le chercheur Thomas Kurton, spécialiste en manipulations génétiques, voit quand à lui dans la jeune femme une possibilité de prouver sa théorie : l'origine génétique du sentiment de bonheur...

 

Whaouuuu, quel roman ! Il m'a littéralement fascinée du début à la fin. J'ai été un peu troublée par le parti-pris narratif, fait d'interruptions et de commentaires, mais j'ai surtout été fascinée par le propos bouleversant de ce roman qui ne cesse de poser les bonnes questions et suscite la réflexion. Une reflexion dans deux direction : celle d'abord de l'écriture intime d'un côté et de la surmédiatisation de l'autre, l'emballement de la machine journalistique, qui finit par faire de Thassa un monstre au sens éthymologique du terme. Et puis, bien sûr, le bonheur : qu'est-ce que le bonheur ? Est-il quelque chose de mesurable empiriquement, voire de génétique, certaines prédispositions permettant à Thassa de se sentir bien malgré les circonstances extérieures pas toujours gaies, ou bien est-ce autre chose ? La réponse n'est pas là bien sûr, car le bonheur étant avec l'amour un des plus grands mystères de l'humanité (les deux marchant main dans la main d'ailleurs, de mon point de vue), de réponse il ne peut pas y avoir. Mais toujours est-il que nous avons-là un roman lumineux, empreint de sagesse et de vie, qui nous propose quelques pistes à explorer en plus d'une histoire intéressante !

 

Merci à Solène et aux éditions 

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