Jean-Marie Harribey
harribey.u-bordeaux4.fr
Le XX° siècle s’achève sur fond de crise générale mondiale : le mode de production capitaliste s’est étendu à la terre entière et soumet peu à peu au règne de la
marchandise toutes les activités humaines, mais, sans doute pour la première fois de son histoire, il produit deux dégradations majeures simultanées. La première est d’ordre social car, malgré un
accroissement considérable des richesses produites, la pauvreté et la misère ne reculent pas dans le monde : 1,3 milliard d’êtres humains disposent de l’équivalent de moins d’un dollar par jour,
autant n’ont pas accès à une eau potable et aux soins les plus élémentaires, 850 millions sont analphabètes, 800 millions sont sous-alimentés, au moins 100 millions d’enfants sont exploités au
travail, et, durant les quatre dernières décennies, les inégalités entre les 20%
les plus pauvres et les 20% les plus riches sont passées de 1à 30 à 1à 80. Ce désastre social touche même les pays les plus riches puisque les Etats-Unis comptent
34,5 millions de personnes vivant au-dessous du seuil de pauvreté et les pays de l’OCDE dénombrent 34 millions de personnes souffrant de la faim, une trentaine de millions réduites au chômage, et
beaucoup plus encore dont la situation se précarise. La deuxième dégradation majeure concerne la nature et les écosystèmes gravement atteints ou menacés par l’épuisement de certaines ressources
non renouvelables et par des pollutions de toutes sortes. De plus, la plupart des avis scientifiques convergent pour s’alarmer du risque de réchauffement climatique lié aux émissions de gaz à
effet de serre. L’origine de cette crise écologique est sans conteste le mode de développement industriel mené sans autre critère de jugement que la rentabilité maximale du capital engagé, mais
dont la légitimité était assurée par l’idéologie
(...)
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