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Révolution de 1793 : Le Gard fait sécession.

Publié le 15 avril 2011 par Chevalierbrigand

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Le 15 Juillet 1794:

Le Tribunal révolutionnaire qui siégeait à Nîmes avait  pour crime de Fédéralisme, condamné à mort l’Ex-Maire du village de Codolet; André TAILLAN , député par sa commune à l’assemblée dite représentative du Gard.


Il fut nommé membre du Comité des rapports puis président lors de cette assemblée des dits députés.

Voir l’article : Taillan, ex-maire de Codolet, 32 ans condamné.


Ex-maire car après l’affaire Fédéraliste, il fût destitué (1 er Avril 1794) par le secrétaire de la Convention Nationale; BORIE

Voir l’article : Le Maire destitué puis condamné à mort.
Qui étaient les Fédéralistes du Gard ?
C’est le 11 Juin que fut connue à Nîmes la Révolution Parisienne du 2 Juin 1793 qui avait abattu la Gironde. Immédiatement la bourgeoisie Nîmoise réagit avec violence et prit position contre la Convention Montagnarde.
Le lendemain, la municipalité désarma les «  gens dangereux », c’est-à-dire toutes les petites gens favorables à la Montagne.
Le Comité central des sections prit la décision d’écrire à Grenoble pour discuter des «  mesures à prendre pour former des 24 départements du Midi une République Fédérative qui s’étendrait de Lyon à Bordeaux ». La bourgeoisie Nîmoise refusait l’autorité de la Convention.


federaliste 1793


A vrai dire, cette insurrection n’avait pas de programme politique bien net, sinon l’opposition à la Dictature Parisienne, reposant peut être sur  la survivance du particularisme Provincial.
Elle était essentiellement un syndicat de défense des intérêts mis en périls, une révolte de proprietaires.


Le serment que ces insurgés firent prêter à leurs troupes était de «  Maintenir de tout leur pouvoir la liberté et l’égalité, la République une et indivisible, la sureté des personnes et des propriétés ».
Dans leur manifeste du 22 Juin, ils se présentaient comme les défenseurs de «  la liberté sans licence, de l’égalité sans anarchie, de la république fondée sur des lois inébranlables, protectrice de la propriété et des personnes ».


Ils s’écriaient: « Vous qui voulez la paix Armez vous !  Vous qui avez des propriétés Armez vous ! Vous qui voulez transmettre à vos enfants  le fruit de vos travaux pénibles Armez vous ! »
Ils craignaient la Loi agraire et l’emprunt forcé. Il s’agissait de la levée en masse de la classe bourgeoise, groupant à la fois les patrons et les professions libérales.


Les autorités réunirent une assemblée des communes du Gard. Celle-ci vota que « Le Peuple du Gard est en état de résistance à l’oppression » et décida la création d’une force départementale de 1200 hommes «  pour marcher sur les factieux de Paris, rendre la liberté à la Convention et soustraire les bons citoyens de cette ville à l‘oppression».


Le Comité devait se préoccuper de la levée de l’armée  départementale et de son installation à Avignon et à Pont Saint Esprit, afin de tenir solidement la Vallée du Rhône et d’assurer la liaison avec Marseille.


Malheureusement les volontaires furent peu nombreux à se présenter. Or le danger ne cessait de grandir. Une armée de 6000 hommes, sous le commandement du général Carteaux, marchait vers le Sud. L’armée départementale du Gard put seulement leur en opposer 6 à 700. Son chef capitula sans combat le 14 Juillet, et aussitôt ce fut l’effondrement de l’insurrection Languedocienne.
Le 10 Août, la bannière fédéraliste fut brulée. Carteaux  finit d’écraser les derniers fédéralistes de la vallée du Rhône. Avignon fut rapidement prise, puis Marseille. Tout le midi se soumettait à la Convention. Dés lors, les Montagnards reprirent partout les leviers de commande et la Terreur s’abattit sur le Languedoc.


Monographie


Dans l'ouvrage suivant : Monographie religieuse de la ville de Beaucaire,

d'après les documents originaux , par M. l'abbé Goiffon. (1827-1905),
je retrouve une derniere fois la trace de notre fameux Maire André TAILLAN.

Extraits:


" … Les Cordeliers étaient partis, mais les Capucins habitaient encore leur couvent, seulement la porte de leur église avait été fermée, ainsi que celles des chapelles des autres maisons religieuses et dès lors les chanoines et les prêtres fidèles ne parurent que rarement en public où ils auraient été exposés à l'insulte et même au danger.


Cet état de choses put durer un peu plus d'un an ; mais la Révolution marchait et la persécution s'accentuait.
Au mois de juillet 1792, les officiers municipaux signifièrent aux Capucins l’ordre de sortir de la ville, dans les vingt-quatre heures ; ils durent partir malgré l'amour dont le peuple les entourait, malgré l'attachement des paysans qu'ils visitaient et soignaient, malgré les nombreuses pétitions faites pour leur conservation.
Le tour des Religieuses arriva le 17 septembre suivant; tous les prêtres fidèles venaient de quitter la ville sous le coup de la loi de déportation et ordre fut donné d'évacuer les couvents; les cloches de ces maisons furent enlevées comme inutiles au service divin et livrées au fondeur pour en faire des canons.
Quelques jours après, la République était proclamée. Le Conseil de la Commune de Beaucaire arrêta, le 13 octobre, que le lendemain, dimanche, à trois heures de relevée, un Te Deum serait chanté dans l'église paroissiale de Notre Dame des Pommiers, à l'occasion de cette proclamation ; que la garde nationale y assisterait en armes, que tous les corps administratifs y seraient invités, ainsi que la population et que, au sortir de l'église, on irait de concert chanter la Marseillaise autour de l'arbre de la Liberté.
Etrange mélange de sacré et de profane qui présageait les plus tristes excès. La division était profonde dans la population et l'agitation des esprits fit éclater, le 1er avril 1793, des désordres graves qui firent couler le sang et qui appelleront à Beaucaire le général Cartaux ; celui-ci arriva avec deux canons et vingt artilleurs. Dès lors la Terreur régna dans la ville et y fit bientôt de nombreuses victimes.
Si une portion des habitants avait embrassé la Révolution, la majeure partie ne voyait dans le régime nouveau que la destruction de tout ce qu'elle avait respecté dans le passé.
La bagarre d'Avril (Bagarre de Beaucaire) désarma les prétendus patriotes dont quelques-uns furent incarcérés ou blessés; trois d'entre eux furent tués en cette circonstance.
Ces faits furent dénoncés au Tribunal criminel révolutionnaire du Gard qui fit transporter dans les prisons de Nimes trente-un citoyens de Beaucaire auxquels on adjoignit l'ancien maire de Codolet ( André Taillan condamné pour Fédéralisme) et un géomètre de Vallabrègues.


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Ils comparurent le 27 messidor an II (15 juillet 1794). Leur procès fut rapidement mené et, sans l'assistance du jury, quoique un décret eût accordé une amnistie à plusieurs des accusés, sans donner le temps aux témoins, assignés à décharge, de se rendre à Nimes, sans défense possible, les trente-trois prisonniers furent déclarés coupables et condamnés à la peine de mort.

L'exécution eut lieu, dans les vingt-quatre heures sur l'Esplanade de Nimes. Toutes les classes de la société étaient représentées dans la liste des condamnés, depuis les portefaix et les mariniers du port, jusqu'aux ouvriers de divers métiers et aux riches propriétaires.
Cette date n'est pas oubliée à Beaucaire et, chaque année, les descendants des victimes font célébrer un service funèbre pour le repos de leurs âmes.

Dans la nuit qui précéda leur mort, tous eurent la consolation de recevoir d'un prêtre fidèle, prisonnier comme eux, le bienfait d'une dernière absolution."



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