«Le ranch de John Vogelin est toute sa vie. Sous le ciel infini et le soleil éclatant du Nouveau-Mexique, le vieil homme ne partage sa terre qu’avec les coyotes, les couguars et autres animaux qui peuplent les montagnes et le désert.Jusqu’au jour où l’US Air Force décide d’y installer un champ de tir de missiles. Déterminé à défendre sa terre, le rancher irascible engage alors un bras de fer avec l’armée. Or un vieil homme en colère est comme un lion des montagnes : acculé, il se battra jusqu’à la mort. »Pour avoir lu les résumés de l’éditeur, ci-dessus, celui de Keisha qui m’a fait découvrir cet auteur et celui de papillon, je connaissais en partie déjà l’histoire avant de commencer ce roman et pourtant ça ne m’a pas dérangée. La lecture en a été extrêmement facile et agréable.
Je craignais les longues descriptions puisqu’ il s’agit pour les héros, le narrateur et son grand-père, de défendre à tout prix leurs terres et le ranch familial aux abords du désert du Nouveau-Mexique. En réalité elles se glissent tellement bien dans le récit qu’on les remarque à peine.
Dès la première page je me suis attachée à ce garçon de douze ans qui raconte la dernière aventure vécue à côté de son grand-père adoré, pendant deux mois et demi d’un été torride de ces années 70 où le monde était encore en pleine guerre froide.
Sur les dix chapitres du récit, les trois premiers sont consacrés au bonheur de vivre dans ce ranch isolé avec pour seule compagnie celle du grand-père de soixante dix ans, servi par une famille dévouée d’Indiens métissés. Heureusement il y a Lee, l’ami à toute épreuve, le jeune cow-boy désormais marié et propriétaire d’une agence immobilière mais prêt à tout pour soutenir son vieil ami.
Ensemble ils vont vivre des moments simples et heureux avec les longues explorations à cheval et les soins donnés aux vaches et aux autres animaux. Pendant ce temps, un lion en liberté rôde dans les parages. Ce sont des journées de rêve, de celles qu’on ne peut plus jamais oublier. Ainsi lorsqu’ils partent tous les trois à la recherche du cheval disparu depuis une semaine :
«Le monde avait l’air différent d’en haut. Il avait l’air meilleur. Une joie primitive s’épanouit dans mon cœur alors que je guidais mon cheval vers la sortie. Un léger coup de talon, et il avançait; une petite tension sur les rênes, il s’arrêtait. Je me penchai en avant et caressai sa puissante encolure. Ce bon vieux Blue…J’avais l’impression de faire dix pieds de haut, j’étais le maître des chevaux et des hommes. Les oiseaux sauvages qui criaient dans le désert faisaient écho à l’ivresse de mon âme.»Les autres chapitres racontent la lutte perdue d’avance entre l’armée du pays le plus puissant du moment et le vieil homme obstiné que tous abandonnent : ses voisins, sa famille, ses filles - sauf Lee et Billy, le cow-boy au grand cœur et le petit fils de douze ans
Le titre me faisait imaginer un gigantesque incendie de fin du monde dans ces montagnes désertiques où le manque d’eau est devenu chronique mais je me suis bien trompée, et l’histoire est bien plus subtile et intime.
Le feu ici est une sorte de glorification. C’est comme le feu des indiens qui s’élève en signe de gloire et de communication vers le ciel, un feu d’homme et de guerrier, un feu de victoire et de liberté mais un feu de fin de cycle, un feu bûcher aussi, un feu de mort!
J’ai adoré ce roman digne des plus grands, pour tous publics, sans distinction. Un roman à lire et à relire! Un récit qui fait du bien et rend meilleur. Un classique
Le Feu sur la montagne de Edward Abbey (Fire on the Mountain, 1962) traduit de l'américain par Jacques Mailhos, Éditions Gallmeister, Paris, 2008, 211 pages