Ivan Reitman ne lâche pas l’affaire. Il aime la comédie romantique aux débuts foireux (Six jours, sept nuits), les bonnes déconnades entre mecs (Evolution) et les héroïnes fortes, indépendantes, voir franchement casse-bonbons (Ma super ex). D’où Sex friends, cocktail lourdingue de tous ces ingrédients, qui surfe allégrement sur un sujet de société à la mode, au mieux plutôt fun, au pire désespérant. Soit le concept d’une amitié améliorée: l’ami avec qui l’on partage son lit- sans règle, sans engagement, sans promesse. Contrat tacite que passent Emma (Natalie Portman), et Adam (Ashton Kutcher) dans un film qui se réclame de la nouvelle vague du ciné US décomplexé, avec scènes hot et tabous levés; un peu à la Love et autres drogues (Edward Zwick) où il n’est plus question d’amour et puis de sexe, mais du schéma inverse : on couche, et puis - peut-être, on s’aime.
Sauf qu’Hollywood ne laisse place à aucune surprise, et si le ton des dialogues associe joyeusement (et à tort !) paillardise et provocation, on sait bien- et ce dès le départ- qu’édulcoration mensongère et happy end conventionnel auront raison de tout, de nous, et des efforts déployés pour avoir l’air in- en étant out, à tous les coups. Entre une compil spéciale "cycle menstruel" et des carottes offertes à la Saint-Valentin où Reitman tente de revêtir le mauvais déguisement du subversif, jaillissent les mascarades. Pour contrer les hordes de féministes : c’est la femme qui prend les devants. Pour éviter, à l’écran, tout le glauque latent d’une telle situation dans la vraie vie : le mec est mignon tout plein, romantique, amoureux. Agrémenté d’une bande originale hype qui réunit Little Red, The Temper Trap et Bishop Allen, Reitman se croit arrivé au sommet de la branchitude, revigoré par ce qu’il pense être une seconde jeunesse. Sauf que Jason, son fils, est passé par là. In the Air, c’est lui. L’anti hollywood. La solitude moderne en pleine face. Triste, mais quand même glamour. Définitivement, il est temps pour papa de raccrocher.