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Piercing, Viviana Lysyj

Publié le 14 avril 2011 par Antigone

lysyj_piercing_9782268071121_Small"Elle se dit que ce ne serait pas une mauvaise idée de sortir dans la rue avec un carnet de notes, comme l'on fait Balzac ou Zola, paraît-il, ou avec un petit magnéto pour écrire le grand livre de la vie sexuelle des habitants de Buenos Aires, qui n'aurait rien à voir avec ces émissions de la télé qui rendent le vécu si trivial [...]."

Et c'est exactement ce qui arrive dans ce roman de Viviana Lysyj, une famille de Buenos Aires est regardée à la loupe, côté vie sexuelle, de ce côté qui nous est édulcoré d'ordinaire, caché. Il y a là une petite fille de onze ans qui aime les poupées mais se questionne sur le baiser, une grande soeur qui est déjà loin depuis qu'elle a un copain. Les parents, en pleine crise de la quarantaine, ne savent comment gérer ce cap et pourtant découvrent avec étonnement l'étendue de leurs émotions physiques encore possibles. En périphérie, les oncles et tantes vivent chacun des histoires singulières avec des amants de passage...

Moi qui d'ordinaire n'aime pas vraiment reprendre les termes des services de presse que l'on m'adresse, je ne peux m'empêcher ici de vous en donner un aperçu tant ils correspondent à mes impressions de lecture.
Mots de l'éditeur... "Un roman sur la sexualité, traité avec humour et ironie par un grand auteur argentin."
Les inrocks... "Un pari réussi d'une force narrative originale."
En quatrième de couverture... "Viviana Lysyj peint la dérision du quotidien dans l'Argentine contemporaine, et plus particulièrement le désarroi qu'inspire la sexualité, à tous les âges."

En effet, et si l'on veut bien ici mettre un peu sa gêne au placard ou sa pudibonderie, on passera un excellent moment en compagnie de cette famille qui regarde sans faux-semblants ses propres désarrois face à une sexualité pas toujours évidente, parfois audacieuse, souvent maladroite. J'en ai aimé l'humour, la galerie de portraits qui donne à l'ensemble un aspect roman choral, la sensualité, l'humour. J'ai également apprécié les multiples références érudites (qui marquent une culture française très présente en Argentine, ce que j'ignorais) et politiques, qui apportent définitivement à ce roman une profondeur inattendue et forte.

Un presque coup de coeur étonnant ! Mais n'est-ce pas tout ce que je demande désormais à mes lectures, de m'étonner avec qualité, voilà qui est fait. Pour preuve, mon exemplaire est terriblement corné.

"[...] oui, elle les entend déjà : quelle femme compliquée, tous ces trucs intellectuels tellement français, c'est sûrement une perverse, les intellectuelles sont les plus vicelardes, elles font comme si elles se contentaient de lire des livres, mais allez savoir ce que leur mettent dans le bourrichon toutes ces lectures du Marquis de Sade..." [...] Elle leur confiera à voix basse que son sous-vêtement préféré est un pull-over troué qui a rudement rétréci au lavage, et ce qu'elle préfère qu'on lui fasse sous la douche, c'est la laisser se laver tranquillement. Sur ces bonnes paroles, elle quittera le studio de télévision en se disant "Lisez, brutes, lisez au moins Sexus, ou Plexus, ou Opus Pistorum, ou un autre livre excitant d'Henry Miller."

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 Le Serpent à Plumes - 22€ - Sortie le 14 avril 2011


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Par Alain Rotko
posté le 12 novembre à 16:48

bonjour, écriture très adroite qui adopte le ton naïf de la petite soeur, les scrupules et conduites de fuite de la tante, comme la volonté démystificatrice de la cinéaste > http://bit.ly/W3AHYU

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