Côte d’Ivoire : les besoins humanitaires demeurent immenses

Publié le 14 avril 2011 par Frédéric Joli

La situation sécuritaire en Côte d’Ivoire reste précaire et les besoins humanitaires sont énormes. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) reprend l’aide d’urgence à Abidjan et intensifie l’assistance aux populations – notamment les déplacés – dans l’ouest du pays, conjointement avec la Croix-Rouge de Côte d’Ivoire.

Situation toujours sérieuse à Abidjan et dans plusieurs localités de l’ouest

« Tous les jours depuis près de deux semaines, nous avons reçu des centaines d’appels téléphoniques de détresse », explique Dominique Liengme, cheffe de la délégation du CICR à Abidjan. « La situation s’améliore quelque peu. La population commence à pouvoir s’approvisionner, mais pas encore dans toutes les communes de la ville. De nombreux malades et blessés ne peuvent toujours pas accéder à l’hôpital faute de sécurité et de moyens de transport. Les structures médicales qui fonctionnent sont débordées et manquent de matériel et de personnel. Et dans plusieurs quartiers, des cadavres jonchent encore les rues. »

Dans l’ouest, les affrontements et violences intercommunautaires ont fait de nombreux blessés et morts et causé le déplacement de milliers de personnes. La situation humanitaire est grave notamment à Guiglo, Duékoué, Daloa ainsi que sur l’axe Bin Houyé – Toulepleu – Bloléquin, proche de la frontière avec le Libéria. « Un grand nombre de maisons, de marchés ainsi que des hôpitaux ont été pillés ou même détruits. De profondes tensions demeurent, avec un risque que la violence refasse surface, » dit Mme Liengme.

Assistance d’urgence à Abidjan

Depuis hier mercredi, le CICR a fourni une assistance d’urgence à plus de 3 700 personnes déplacées sur quatre sites d’accueil à Abidjan, sous la forme d’aliments comprimés permettant aux enfants et adultes souffrant de carence nutritionnelle de récupérer des forces.

Aujourd’hui jeudi, le CICR apporte du matériel médical aux centres hospitaliers universitaires à Cocody et Treichville, deux hôpitaux de référence à Abidjan, ainsi qu’à la polyclinique internationale Ste Anne-Marie.

« Depuis le 1er avril, les secouristes de la Croix-Rouge ivoirienne sont en première ligne, malgré l’insécurité », dit Dominique Liengme. « Ils ont dispensé des premiers soins à près de 600 personnes blessées ou malades et en ont évacué près de 300 vers les hôpitaux les plus proches. Ils font un travail remarquable malgré des circonstances extrêmement difficiles ». Les volontaires de la Croix-Rouge ont également distribué des vivres, de l’eau potable et d’autres biens de première nécessité à de nombreux déplacés sur divers sites d’accueil ainsi qu’à d’autres personnes vulnérables. Enfin, ils ont ponctuellement soutenu les efforts des pompes funèbres pour le ramassage des corps dans divers quartier de la ville.

À Guiglo, priorité à l’assistance médicale et aux déplacés

Le CICR et la Croix-Rouge ivoirienne ont commencé ce mercredi la distribution de biens de première nécessité à environ 7 000 personnes déplacées dans cinq sites d’accueil à Guiglo. « Il s’agit de la première assistance de ce type pour les déplacés dans cette ville de l’ouest sévèrement touchée par les combats, les pillages et les violences, » explique Edmond Corthésy, le responsable du CICR sur place.

« Dans cette région, de nombreux hôpitaux et centres de santé ne fonctionnent plus suite aux événements récents », a ajouté M. Corthésy. À Guiglo, la Croix-Rouge ivoirienne a traité près de 200 blessés et malades depuis le 5 avril. Sur l’axe Bin Houyé – Toulepleu – Bloléquin, sa clinique mobile soutenue par le CICR a fourni à ce jour près de 480 consultations gratuites, dont près de 30 pour des femmes enceintes. Des distributions d’urgence sont prévues sur ce même axe ces prochains jours.

Au centre-ouest, grâce au soutien de la Croix-Rouge (ambulance, carburant, matériel médical et personnel), l’hôpital de Gagnoa est à nouveau opérationnel. À Bouaké, dans le nord, le CICR a fourni du matériel tel que kits de pansement et plâtre à diverses structures médicales.

Eau et assainissement dans l’ouest

À Duékoué, des dizaines de milliers de personnes qui ont fui les violences se trouvent toujours dans des sites d’accueil. Les équipes du CICR et de la Croix-Rouge de Côte d’Ivoire travaillent depuis début janvier notamment pour satisfaire les besoins en eau de ces déplacés. Ces derniers jours, elles ont construit une plateforme pour deux réservoirs de 10 000 litres chacun, acheminé de l’eau par camion pour remplir les réservoirs à l’hôpital et aux missions catholique et protestante de la ville, et installé deux nouvelles rampes de distribution d’eau. Elles installent aussi 20 latrines et 20 douches supplémentaires et nettoient et désinfectent une partie de la mission catholique.

À Guiglo, la Croix-Rouge a installé 25 latrines et 20 douches pour les déplacés et chloré dix puits en ville.

Visites aux détenus

De nombreuses personnes ont été arrêtées ces derniers jours en lien avec le conflit armé. Les délégués du CICR ont commencé à visiter des détenus à Bouaké afin de s’enquérir de leur traitement et des conditions de leur détention.

À Abidjan, le CICR a demandé à visiter cette même catégorie de personnes le plus vite possible. Cette démarche inclut M. Gbagbo et ses proches arrêtés lundi.

Au Libéria voisin, situation toujours critique pour les réfugiés et les familles qui les accueillent

Les quelques 130 000 réfugiés ivoiriens qui ont fui les troubles depuis décembre dernier attendent de voir comment la situation va évoluer dans leur pays avant d’envisager la possibilité d’y retourner. Par ailleurs, de nouveaux réfugiés sont arrivés dans le comté du Maryland, au sud-est du Libéria.

Le CICR et la Croix-Rouge nationale du Libéria continuent d’aider les enfants et d’autres réfugiés à rétablir le contact avec les proches dont ils ont été séparés. En outre, en coopération avec la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, ils aident les réfugiés et les communautés qui les accueillent à se procurer l’eau potable dont ils ont besoin. Les communautés libériennes installées sur la frontière ont fait preuve d’une générosité remarquable à l’égard des Ivoiriens qu’elles hébergent, ce qui explique que les stocks de nourriture s’épuisent de façon préoccupante. Le CICR visite par ailleurs des personnes détenues à la prison centrale de Harper, dans le comté du Maryland, pour des motifs liés au conflit en Côte d’Ivoire.

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