Enfin une exposition au Grand-Palais où l’on n’est pas oppressé par la foule des visiteurs. Il est vrai qu’entre les « blockbusters » Monet et Manet, le thème de la peinture de paysage à Rome au XVIIe siècle a du mal a passionner les foules. Eh bien tant pis pour eux, et tant mieux pour moi, puisque j’ai pu admirer à loisir des toiles de Caravage, Carrache, Rubens, Le Lorrain et Poussin.
Cette exposition de quatre-vingts peintures et une vingtaine de dessins est consacrée à ce moment de l'histoire de la peinture où le paysage devient un genre à part entière. Jusqu’alors il n’existait pas en tant que sujet d’une œuvre artistique mais était considéré comme un simple décor ou un arrière plan. Dans la première moitié du XVIIe siècle les grands artistes présents à Rome contribuent à l’émergence du paysage dans l’art. C’est d’ailleurs un mouvement européen puisque sur les 33 artistes représentés, 18 sont nés hors d’Italie.
Quatre grands peintres vont lancer ce mouvement : Annibal Carrache (1560 – 1609), Michelangelo Merisi dit « le
Caravage » (1573 – 1610), Adam Elsheimer (1578 – 1610) et Pierre Paul Rubens (1577 – 1640).
L’exposition est divisée en sections chronologiques et commence par « Annibal Carrache, Paul Bril et Adam Elsheimer à Rome ». Ces peintres sont attirés par la lumière et les paysages Romains, ils découvrent les fresques de Raphaël et les peintures antiques de paysages, peu à peu ils font du paysage un sujet artistique à part entière. Ils bénéficient d’un marché et du mécénat des cardinaux. Annibal Carrache veut « peindre la nature non pas comme elle est mais comme elle devrait être » et Adam Elsheimer apporte la réalité dans les paysages. Avec « L’évolution du paysage Bolonais et la présence de la culture classique » on découvre les œuvres de Domenico Zampieri dit « le Dominiquin », un précurseur de Poussin, notamment un « Paysage avec fuite en Egypte ». A la fin du XVIe siècle, le paysage est déjà un genre dans la peinture du nord. Dans la section consacrée à « L’évolution du paysage nordique» on découvre comment ces peintres venus du nord ont influencés les artistes présents à Rome. Ainsi ce « Paysage fluvial avec voyageurs » ne comporte aucune scène mythologique ou biblique on voit seulement un voyageur demander son chemin.
L’exposition se termine par les apports de Claude le Lorrain et Nicolas Poussin. Claude Gellée dit le Lorrain (1600 – 1682) commence sa vie comme pâtissier, il serait l’inventeur de la pâte feuilletée. D’abord cuisinier auprès du peintre Agostino Tassi, il se lance dans la peinture, très vite son talent est reconnu il reçoit des commandes du Pape. Nicolas Poussin (1594-1665) pour sa part est considéré comme le fondateur de la peinture classique française du XVIIe siècle, pourtant il arrive à Rome en 1624 et y fera toute sa carrière. C’est un peintre de la rigueur, de la stabilité voire de l’austérité. Dans « Phocion » il nous raconte l’histoire de ce général athénien condamné injustement par ses ennemis au suicide. Interdit de sépulture dans la cité, son corps fut emporté hors d’Athènes par deux de ses amis jusqu’à Mégare, où ils le brûlèrent sur un bûcher, c’est ce moment que représente le peintre.
Nature et idéal : le paysage à Rome, 1600 – 1650 au Grand Palais jusqu’au 6 juin 2011.