Hier se tenait à Doha (Qatar), la deuxième réunion du groupe de contact sur la Libye. Au delà de l’unité de façade, ce sont plutôt les dissensions et l’isolement croissant de la France et de l’Angleterre qui sont apparus.
Sur le plan militaire pour lequel Juppé et son homologue Anglais Hague appellent depuis plusieurs jours à un renforcement des bombardements de l’OTAN, il apparaît que cet avis n’est pas partagé par la plupart des autres participants au groupe de contact, voire même que certains comme l’Espagne défendent carrément l’option inverse.
Il faut dire qu’au sein de l’OTAN, le soutien à l’option militaire choisie par le France et l’Angleterre en Libye fait peu d’adeptes : sur 28 pays, seuls 6 participent effectivement aux combats et depuis le retrait des forces états-uniennes, 50% des actions sont assurés par la France et l’Angleterre.
Pour ce qui est du reste du monde, les pays du BRIC, qui représentent environ 50% de la population mondiale (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), qui se sont réunis hier à Sanya (Chine) ont à nouveau condamné l’usage de la force en Libye.
Voilà donc une “communauté internationale” rassemblée autour du chef de guerre Sarkozy, qui ressemble de plus en plus à une peau de chagrin.
Mieux, aujourd’hui se tenait au Caire une réunion consacrée à la crise en Libye, co-présidée par l’ONU et la Ligue Arabe.
Jean Ping, secrétaire général de l’Union Africaine participait aussi à cette réunion. Union Africaine qui porte par ailleurs un projet de sortie politique de la crise, et qui malgré les obstructions de l’OTAN qui tente systématiquement de lui refuse de se déplacer en Libye, a réussi a rencontrer Kadhafi ainsi que le Conseil National de Transition. Le premier ayant donné son accord à la feuille de route proposée par l’Union Africaine.
Le projet de feuille de route est aussi soutenu par la Ligue Arabe et nul doute qu’elle aura été au centre des discussions de la réunion. L’appel, à l’issue de la réunion, de Ban Ki-Moon, Secrétaire Général de l’ONU, à une sortie politique de la crise et à un “cessez-le-feu” immédiat sonne comme un désaveu de la position exprimée par Alain Juppé, à savoir plus de bombes de l’OTAN et un retour des troupes de l’armée loyaliste libyenne dans ses casernes comme préalable à des discussions.
Au moment ou j’écris ce post, se tient une réunion de l’OTAN dont il est peu probable qu’elle donne gain de cause aux demandes de la France et de l’Angleterre.
Ce grand succès de la diplomatie française n’aura donc duré que le temps d’une photo de Sarkozy, lançant la guerre depuis le perron de l’Elysée.
Peu importe que ces catastrophiques interventions aussi bien en Libye qu’en Côte d’Ivoire sonne le glas de la présence et du rôle de la France en Afrique, c’est le prix à payer par les français pour que Sarkozy ait eu pendant quelques heures l’impression d’être le maître du monde.
La France et l’Angleterre vont maintenant essayer de sauver les meubles en poussant pour une partition de la Lybie, une partie à l’est dominée par le CNT qui leur sera acquise et le reste du pays laissée à Kadhafi.
les Libyens dans tout ça ? qui s’en soucie !