La palpitante histoire du Hulot et de la Marmotte Cendrée
Comme annoncé en début de semaine, la bousculade à la Soupe Républicaine continue donc. Cette fois, ça y est, tout se précise pour le petit Dominique et Monsieur Hulot.
En ce milieu de mois d’avril entrent ainsi dans la danse un vendeur de shampoing douteux et un représentant de commerce multi-cartes roublard et bidouilleur. Il faut de tout, dit-on, pour faire un monde, mais celui que nous proposent les candidats à l’élection présidentielle de 2012 ressemble de plus en plus furieusement à un repaire de brigands et de voleurs, bouge interlope où les individus les plus louches se retrouvent pour préparer en douce leurs petits coups tordus.
Car il ne faut pas s’y tromper : la candidature de Hulot doit beaucoup à la pure manoeuvre politique, voire à l’embuscade.
L’ensemble des écolos va ainsi louanger le nouveau venu : qu’il est mignon, qu’il est beau, qu’il est populaire et qu’il a de belles plumes éco-conscientes ! Et dans le même temps, on les voit tous se masser sous l’arbre en attendant que le corbeau entame sa chanson et lâche son fromage.
Prenons Cochet, emblématique décroissant céphalique, le regard pétillant de cette joie juvénile de l’imbécile qui croit que les manigances de son camp sont passées inaperçues ; il déclare, le sourire aux lèvres :
« C’est une candidature pour gagner et surtout pour changer la société. Il va maintenant bien évidemment rencontrer tous les militants d’Europe Ecologie-Les Verts et d’autres. Et puis ensuite, il y aura les primaires. J’espère qu’il gagnera. »
Tu parles, Yves. Toi et tes gentils amis, vous voulez évidemment le flinguer durablement (avec un recyclage à la clef, faut pas gâcher)… Et vous y arriverez probablement. Vous êtes tous très doués pour ça. D’ailleurs, vous arriverez à flinguer tous vos candidats, les uns après les autres, candidats qui sont tous également flinguables et suffisamment insupportables pour mériter le sort minable qui les attend.
Comme l’analyse assez justement l’Hérétique, vous n’avez jamais pu réellement encaisser le baroudeur de TF1, écologiste d’opérette mais malencontreusement plus médiatique que les candidats souples comme des cétacés échoués que vous nous présentez sans rire. On peut donc s’attendre à ce que, comme par hasard, Hulot soit proprement écarté lors d’une primaire que vous frétillez d’impatience d’organiser dans les règles de l’art politique (façon PS ?)…
Mais voilà, le vendeur de shampoings n’a pas validé le principe de primaire chez les écolos. Zut de crotte, il pourrait vous claquer dans les doigts. L’animateur héliporté ne semble même pas sûr de se rallier à votre mouvance rougeaude qui a bien du mal à faire oublier son anticapitalisme primaire pour parler nature et petits oiseaux : tout porte à croire que Nicolas va vouloir rester indépendant aussi longtemps que possible.
À tel point qu’il intéresse le Parti Officiellement Socialiste : un candidat populaire, qui draine de potentiels électeurs à la faveur d’un amour des petits pandas, des oiseaux et des ours polaires, c’est plus crédible en matière d’écologie qu’un Hollande ou une Aubry dont les seules qualités vertes se résument à rester en vie et faire ainsi perdurer deux espèces de bivalves normalement en voie de disparition.
Bilan ? Jean-Marc Ayrault trouve notre aventurier du gel douche perdu d’un coup plus appétissant, au point de déclarer, je cite :
« Il a fait un premier pas en clarifiant son engagement politique en indiquant qu’il ne se situait pas dans le cadre de l’actuelle majorité. »
Il n’est pas contre nous ? Il pourrait donc être avec nous, hein ? Y’a bon, la popularité de Hulot.
Le calcul, effectué par les stratèges du PS, est à ce point évident qu’il est réalisé, de la même façon, par d’autres candidats. On notera par exemple que Marine Le Pen n’a pas caché son intérêt pour les déclarations vaseuses du nouveau venu, et on ne pourra s’empêcher d’y voir une manœuvre un peu moins grossière que celle du PS :
« On a relu avec mes conseillers le projet qu’il avait fait en 2007, son projet de programme : il y a énormément de choses qui sont tout à fait compatibles avec le projet du Front national. Il y a beaucoup de choses dont on pourrait parler ensemble, c’est sûr. »
Rien ne permet d’écarter le fait que Le Pen aurait ainsi durablement fusillé un potentiel concurrent, dans un baiser de la mort certainement plus adroit que les tentatives pataudes du PS de ratisser large. Comme il est de toute façon très improbable qu’Hulot fricote un jour avec le Front National, Marine aurait tort de se priver de ce genre de déclarations…
Par contraste, il est savoureux de regarder directement ensuite du côté de Villepin.
C’est, on peut le dire, nettement moins la frénésie, tant côté médiatique que du côté politique. Limite, c’est mou. Certes, quelques journalistes sont venus pour écouter la prose bondissante et légèrement emphatique de Dominique : il y avait certainement des petits fours, et un bon journaliste ne refuse jamais un buffet gratuit. Mais à vrai dire, tout le monde sent bien qu’au contraire de Hulot, courtisé et dont les bottes sont déjà propres des léchouilles serviles de toute la clique actuelle, le dernier arrivé n’a absolument aucune chance de déclencher quoi que ce soit d’autre qu’un vague haussement d’épaules, au mieux, et l’hilarité, au pire.
Une marmotte s'est camouflée dans cette image. Ami lecteur, sauras-tu la trouver ?
Il a d’ailleurs fallu proposer son programme pour attirer du pisse-copie.
Il est vrai que tous ceux qui sont en recherche de contenu attendent des programmes consistants et ce ne sont pas ceux des divers socialistes qui se sont proposés jusqu’à présent qui peuvent rassasier. Le fondateur de Mon Gaullisme Irréversible République Solitaire nous expose donc le sien.
La surprise, bien évidemment, est de taille : on dirait du Socialisme Gaulliste, les enfants ! À tous les étages ! Ça va dépôôôôôter grave ! Jugez plutôt :
- revenu citoyen : après la République fraternelle et égalitaire, c’est la République Open Bar. Qu’on finance on ne sait jamais comment, mais comme on a le flingue (pour faire réfléchir) et l’imprimante (pour faire des billets), on peut se le permettre.
- de l’impôts pour tous, parce que se faire taxer est un bonheur incomparable que des gens se battent pour avoir, hein. Puisqu’on vous le dit.
- on réduit le nombre de régions, c’est gadget mais cela va faire buzzer dans les chaumières.
- on sort de l’OTAN dans lequel nous venions de rentrer. On va finir par attraper un rhume diplomatique à force d’entrer et de sortir de ce machin, mais après tout, ça amuse la galerie.
- et pour finir, la marmotte cendrée nous ressort le coup du « Un gouvernement resserré », comme les boulons sur les rivets du Titanic, je suppose, avec 10 minustres au maximum. Plus, ce serait abuser, hein.
En tout cas, Dom ne se laissera pas faire avec des primaires, lui. Il sera peut-être un peu tout seul à aller batailler (d’autant qu’il pourrait avoir du mal à recueillir 500 signatures) mais au moins, il ira, sabre au clair, défendre la veuve gaulliste et l’orphelin souverainiste contre l’hydre d’une mondialisation devenue folle.
…
Pas de doute ; avec ces deux nouveaux venus, les clowns à roulettes continuent leurs exactions.
—-
Sur le web