Rabbit Hole

Par Ffred

  

L'histoire

Huit mois après la disparition de leur fils, Becca et Howie redonnent peu à peu un sens à leur vie. Howie tente de nouvelles expériences tandis que Becca préfère couper les ponts avec une famille trop envahissante. Contre toute attente, elle se rapproche du jeune homme responsable de la mort de leur enfant. Cette relation étrange va permettre à Becca d'être enfin en paix avec elle-même.

  

Mon avis

Après le choc Shortbus, John Cameron Mitchell prend un virage à 360°. Rabbit Hole n’a rien à voir avec son précédent film même si lui dit qu’ils se ressemblent. Ce nouvel opus est aussi fin et délicat que l’autre était désinhibé et hard. Il y a ici tout ce qu’il n’y a pas d’habitude dans ce genre de drame. Pas de clichés, pas de guimauve, pas d’émotion tire-larmes préfabriquée mais chose rare chez les américains : de la nuance. Tout est simple, calme, feutré, enfoui, alors qu’une vraie tempête s’agite sous le crâne des personnages. En surface tout est calme… Le deuil d’un enfant est certainement ce qu’il y a de plus terrible à vivre et chacun le vit à sa façon. Il y a longtemps qu’un film n’avait pas aussi bien disséqué le drame d’un couple comme cela. L’émotion est là à chaque instant à fleur de peau. Ca monte puis ça redescend grâce aux quelques moments d’humour bienvenus qui nous font reprendre un peu d’air régulièrement…et puis ça remonte. Un fragile mais magnifique équilibre se crée ainsi. Comme cela m’arrive quelques fois (souvent ?), les larmes me coulaient sans que je puisse les retenir…Outre la mise en scène tout en retenue et sobriété et un scénario qui n’en fait jamais trop, la direction d’acteur est parfaite. Nicole Kidman, après un petit pétage de plomb dans le gentil navet Le mytho, retrouve enfin un rôle à la hauteur de son talent. On commençait à désespérer. Elle est ici touchante, sans esbroufe, sans fard (paraissant presque son âge…plus de chirurgie ??). Et comme on est jamais aussi bien servi que par soi-même aussi coproductrice du film et nomination à l’Oscar au bout. Face à elle Aaron Eckhart fait le grand écart entre les rôles sortant du tonitruant World Invasion : Battle Los Angeles. Il a rarement été aussi bon, volant presque la vedette à sa partenaire. La trop rare Dianne Wiest est aussi très bien dans le rôle de la mère. La scène de la cave entre les deux actrices est pour moi la plus belle du film. Enfin le jeune Miles Teller est confondant de vérité. Techniquement c’est aussi parfait, une très belle musique et de belles couleurs pastelles donnant un ton très mélancolique juste dérangées par les couleurschaudes et vives des dessins d’enfant et de la fameuse bande-dessinée Rabbit Hole.

Une extrême pudeur, voir discrétion, et une totale subtilité pour un film qui touche directement au cœur. Poignant, digne et profond. Rien d’autre à dire : un grand film…Et la vie continue…


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