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On en parle - Raphaël Enthoven : L’art de penser contre soi-même

Par Benard

13 avril 2011 -JOËL JENZER

PHILOSOPHIEDans son dernier livre, Raphaël Enthoven, lassé par le «cirque médiatique», se moque des philosophes à la mode, et, au passage, de lui-même.

«Je crois que la philosophie est inutile et je crois que c’est ce qui la rend indispensable.» [C. HÉLIE/GALLIMARD]

On ne peut pas être un beau garçon cultivé, ex deCarla Bruni de surcroît, et éviter la rubrique people des journaux. Pourtant, c’est pour parler de son dernier livre, et uniquement de cela, que Raphaël Enthoven a fait le déplacement en Suisse.

«Le philosophe de service et autres textes» regroupe des chroniques parues dans «Philosophie Magazine», remises en forme pour en faire un livre. Une manière d’aborder, par des textes courts, divers sujets– le mensonge, la folie,Dieu, le bonheur, l’humour ou encore le temps – pour en tirer des considérations philosophiques.

Avec, en ouverture, «Le philosophe de service», un papier paru dans un supplément du journal «Le Monde» dans lequel l’auteur décrit un philosophe ultramédiatique. Toute ressemblance avec un homme existant ne serait-elle que pure coïncidence? Réponse avec Raphaël Enthoven, tout de noir vêtu, dans les locaux de la Télévision suisse romande, entre deux émissions.

Ce «philosophe de service», apprêté à toutes les sauces médiatiques, apprécié plus pour la forme que pour le fond de sa pensée, ne serait-ce pas vous?

Pour moi, écrire ce texte, c’était une façon de penser contre moi-même. Nietzsche dit que si en philosophie on ne fait pas campagne contre soi-même, on n’est pas sérieux. Faire une campagne contre soi-même est la seule façon de faire la paix avec les autres, au fond, et de ne pas être dupe de son image.

C’est donc une façon pour moi de me moquer de moi – pas seulement – et de m’interroger sur un sentiment sur lequel j’ai fini par mettre des mots, qui est que quand on m’invite à la télévision ou à la radio, aimablement, c’est, en général, pour avoir mon point de vue de philosophe.

Et je me suis longtemps demandé ce qu’était le point de vue du philosophe. Jeme suis rendu compte que ceux qui m’invitaient s’en faisaient une idée extrêmement précise: comme les seins de la bimbo, comme le scientifique de service, le religieux de service, j’étais intégré dans le cirque médiatique au titre de celui qui va saupoudrer de concepts la conversation, c’est-à-dire accréditer l’utilisation cosmétique de la philosophie en ces temps de mode philosophique.

Lire la suite : http://www.lenouvelliste.ch/fr/news/culture/lart-de-penser-contre-soi-meme-14-260682


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