“In It to Win It?”, c'est ainsi que titrent leur recherche, ces scientifiques de l'Université de Tel Aviv qui se sont attachés à optimiser le traitement de…l'addiction au jeu. Des conclusions présentées au 19è European Congress of Psychiatry de mars 2011 qui suggèrent un traitement de deux années par Naltrexone combiné à la thérapie de groupe pour venir à bout de cette forme de dépendance.
La dépendance pathologique au jeu est étonnamment courante aux États-Unis touchant 3,4% des adultes. Comme les autres dépendances, c'est une addiction très invalidante tant pour l'individu et la société, qui conduit à la perte d'emploi voire au suicide ou à des comportements criminels. Cette addiction touche davantage les hommes que les femmes et peut s'aggraver au fil du temps.
Les scientifiques ont suivi des patients dépendants au jeu et constatent qu'un grand nombre de médicaments peuvent être efficaces pour le traitement de ce trouble à court terme, dont la naltrexone, également prescrite pour traiter la dépendance à l'alcool. Mais à l'issue de cette étude, l'auteur principal, le Pr. Pinhas Dannon de la Faculté de Tel Aviv, psychiatre, recommande un traitement prolongé pour obtenir des résultats optimaux.
Un traitement médicamenteux par Naltrexone qui devrait durer au moins deux ans et être combiné à d'autres traitements dont la thérapie de groupe, même si des études antérieures ont suggéré qu'après six mois de traitement, la majorité des joueurs abandonneraient le jeu. Les données de l'étude suggèrent qu'un traitement médicamenteux
· d'une durée de 2 ans “décroche” du jeu 80% des joueurs sur une période de suivi de 4 ans,
· d'une durée de 6 mois, “décroche” du jeu 30% des joueurs sur la même durée de suivi.
La naltrexone, un antagoniste morphinique est commercialisée dans divers pays dont la France sous le nom de Revia en traitement de soutien dans le maintien de l'abstinence chez des patients alcoolodépendants.
Des traitements complémentaires tels que la thérapie de groupe telle qu'aux “Gamblers Anonymous» contribuent à aider le joueur à se libérer de sa dépendance au jeu. Le Pr. Dannon qui a travaillé sur toutes formes de dépendance dont la dépendance à Internet cite l'exemple d'un patient “accro” à un jeu sur Facebook au point de négliger ses deux jeunes enfants. «La dépendance au jeu est une maladie chronique», conclut le Pr. Dannon. "Nous avons besoin de beaucoup plus de temps pour traiter ces patients. Ils exigent un suivi attentif et des traitements holistiques à plus long terme pour éviter la rechute."
L'auteur vient de publier un ouvrage sur ce sujet, avec pour titre: “Are We All Addicts?”
Source: Tel Aviv University (Visuel) “In It to Win It?”
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