Le jeudi, c'est citation, Edward Abbey, Le feu sur la montagne

Par Mango
LUMINEUX, LUMINEUX NOUVEAU-MEXIQUE. Dans la lumière éclatante, chaque roche, chaque arbre, chaque nuage et chaque montagne existait avec une sorte de force et de clarté qui paraissait non pas naturelle mais surnaturelle. Pourtant, tout suscitait en moi une sensation de territoire connu, de pays des rêves, d’une terre où je vivais depuis toujours. 
 Je vis un couple de bécasseaux détaler sur leurs pattes frêles et scintillantes, en longeant l'eau vers l'amont, et pris conscience du doux bruissement des frondaisons au-dessus de nos têtes. Je levais les yeux vers les branchages des peupliers qui bordaient le cours d'eau; leurs feuilles étaient prises  dans une fantastique lumière argentée de fin de nuit  et frémissaient continuellement sous une brise que je sentais à peine. 
Les arbres étaient vivants, en proie à une douce excitation,ils murmuraient, ils profitaient de la meilleure heure de la journée. Le soleil levé, ils allaient devoir entrer en somnolence pour traverser la chaleur desséchante du jour.  Je savais ce qu'ils pouvaient ressentie, je savais ce qu'ils ressentaient. (p.44)
 Très loin là-haut, sur le flanc de la montagne, posté comme une vigie, troublé par le feu,  le lion rugit.
 Première et dernière phrase de : «Le feu sur la montagne»  de Edward Abbey (Challenge de Chiffonnette)