Photo de Nyaba Ouedraogo
Mardi soir dernier, je tombe nez à tv, sur un documentaire : le peuple des ordures, diffusé par France 5, dans le cadre de l'émission "Le monde en face" et qui sera rediffusé le vendredi 29 avril à 00.50.Ce documentaire se propose de dresser un portrait à travers le monde (Inde, Colombie, France, Ghana) d'hommes et de femmes qui (sur)vivent grâce au tri, traitements et recyclage des déchets et esquisse les enjeux économiques du (re)traitement et on y parle encore une fois du Ghana !
La présentatrice procède au lancement du reportage en présence d'un économiste Philippe Chalmin, économiste et coauteur de l'ouvrage Du rare à l’infini, panorama mondial des déchets (éditions Economica). qui indique que "la première production au monde est celle des déchets".
Copyright Andrew McConnell/Panos, sa galerie ici
Le Ghana devient petit à petit le fer de lance de la récupération des déchets électroniques : plus de 90 000 tonnes par an y transitent. Ordinateurs, télévisions, chaînes hi-fi sont rafistolés et revendus à petit prix pour une seconde vie. Dans les ordinateurs, Victor prélève processeurs, cartes mémoire ou claviers, qu'il rêvent en pièces détachées auprès de mystérieux acheteurs chinois. Les carcasses de réfrigérateurs finissent en bassines pour le ciment ou encore en marmites de cuisine.Les recycleurs d'Accra ont pignon sur rue, avec cette scène hallucinante du chef du dépôt de déchet accompagné de son banquier.
Ce que le documentaire ne mentionne pas, pour évoquer le cas du Ghana, c'est l'origine des déchets et le cheminement de ceux ci. Les raisons pour lesquelles les pays exportent leurs « e-waste » ou e-déchets vers les pays d’Afrique sont simples, il est moins dispendieux de les expédier au tiers-monde pour s’en débarrasser de façon directe que de devoir suivre toutes les procédures d’entreposage-démantèlement-récupération et respecter les lois et mesures environnementales des pays d’origine.
Les problèmes de santé sont évoqués sans plus de même pour les conséquences environnementales (que contiennent ces fameuses fumées ? qu'en est il de la nappe phréatique car le plus grand dépôt d'ordure d'Accra, Agbobloshie est situé près d'une rivière ?).
Dans son lancement, l'animatrice indique que le Ghana importe des e-déchets. Ce qu'elle oublie de mentionner est la manière quelques fois frauduleuse d'introduction de ces appareils dans le pays, je l'avais mentionné ici dans un article appelé "Obsolescence programmée et Ghana pollué" et depuis j'ai trouvé un groupe pour lutter contre ces pratiques délétères.
Je ne peux qu'applaudir ce genre de documentaire pour autant j'aimerai bien que de temps à autres les médias francophones s'intéresse au Ghana sous un angle plus positif, de création et production culturelles par exemple...