TiteSo et Lisa : journaux intimes de deux névrosées (partie 9)

Publié le 03 février 2008 par Thibault

TiteSo est l’artiste en herbe. Lisa l’apprentie médecin. Meilleures amies depuis leur rencontre au lycée, dans les WC de l’infirmerie à gerber. Une seule devise : les mecs sont des PPBE (puzzles péniens bipèdes encastrants). Un grand désert, le Gobi sentimental. Les mirages qu’elles hallucinent dans leur errance sur les dunes. Des poisses à la pelle qu’on déverse dans leur vie.
Les foirages sentimentaux inéluctables. Un leitmotiv : le ridicule ne tue pas (sinon, nous serions déjà en train de fleurir leur tombe respective).
Retrouvez chaque semaine le marasme de deux célibataires, embourbées dans des codes sentimentaux douteux. Deux névrosées qui s’engagent à polluer votre imaginaire. Attention, connerie non recyclable.

9ème partie.

Suite de la partie 8…

Journal de TiteSo. Vendredi 4 mai

Bon on est vendredi soir. Mes valises sont pas encore bouclées ou pour être vraiment honnête même pas entamées. Déjà, j’ai cherché pendant dix plombes mon sac à dos de rando pour me rappeler que je l’avais passé à un pote qui pointait aujourd’hui aux abonnés absents… J’ai beau ne pas être matérialiste, ça fait drôlement chier ce truc, donc, je me tape les valises de grand-mère des années 20 que j’avais achetées pour le fun dans une braderie sans imaginer un jour dans ma plus grande folie que j’aurais pu les remplir… ahalala… c’est le Kosovo dans mon appart, on dirait qu’un raz de marée est passé dans mes armoires et a tout foutu par terre !
Même si je m’interdis de penser à d’éventuels testicules en cavale eux aussi à Marrakech…j’ai quand même rangé dans un coin de ma sale caboche des rencontres type club Med éphémères et pas prises de chou… En plus, j’ai une semaine assez éprouvante dans les pattes d’où certainement mon ralentissement moteur et psychique.
Déjà, j’ai connu à mon tour une période assez tendue fout-la-honte, puisque j’ai été contaminée par le virus exhibitionniste de Lisa. Pour resituer les choses, je rentrais tranquillement de l’école mardi, j’avais mis une robe à carreaux bleu et orange assez excentrique pour le coup, et j’affrontais gaiement la foule, sous le soleil de printemps crevant. J’ai traversé éffrontement les rails du tramway sous le regard un peu exorbité des passants. Je me suis faite intérieurement la réflexion que l’étroitesse d’esprit lyonnaise était vraiment atroce et j’en venais même à trouver ça légèrement irritant… Bon, tant bien que mal après avoir parcouru bien 500 mètres, je suis arrivée au feu rouge, et là, mon portable a sonné dans mon sac. Je me penche pour ouvrir mon sac, et que vois -je, ma robe que j’avais coincée dans mon sac en me levant du banc à l’école, du coup, j’avais une fesse à l’air depuis 1/4 d’heure, et j’avais traversé l’école et l’arrêt de tram, la tête haute, persuadée que les coups d’œil des gens étaient uniquement motivés par le manque d’ouverture d’esprit. Mon œil, oui !!! J’ai rabattu brusquement la fautive en lançant un regard noir aux automobilistes qui se fendaient la poire en me matant, et je me suis mise à courir comme une forcenée aussi vite que mes santiags le permettaient. Le truc vraiment fout la honte à vie, c’est que non seulement j’ai montré une hémifesse à mon école entière mais qu’en plus, elle était recouverte par une immonde gaine de Bridget Jones qui fait l’unaminité de la gente masculine bien-sûr.

Enfin, voilà… J’ai rendu mes travaux aujourd’hui, mais il y a un peu d’électricité dans l’air (euphémisme) avec mon tuteur. Il m’en veut de ne pas avoir modifié le thème de mon diplôme de fin d’étude que je passe dans un an. Car oui, dans un an, je serai certainement futur RMIste, ou HSP qui sait… Enfin, je me le souhaite carrément pas, sinon, je pensais me reconvertir dans le toilettage pour cabot ou bien maître-crotte, apprendre aux cabots à bien déféquer près des arbres et non en plein milieu des allées nickel du 6ème par exemple. Il paraît que les bourgeois adorent ce genre de concept débile qui vise à humaniser l’animal au lieu de s’apercevoir qu’ils manquent eux mêmes d’humanité.
Enfin, pas pire, je vais pas partir dans mes délires prolétaires, j’ai de grosses valises de mémé vintage à me taper. Lisa vient de m’appeler, elle décompense aussi, hésite sur tout un tas de maillots et de crèmes, et me dit que ça fait du bien de se bimbotiser un peu après avoir sué d’intelligence de longues nuits noires de solitude ascétique à méditer sur des trucs bien hauts dans l’intellect.
J’y vais, je vous bise.

Journal de Lisa. Vendredi 4 mai

Youhou !!!! On est à la veille du départ pour le grand bol d’air chaud, certes, mais que du bonheur, aller se faire dorer les miches sur des transats dans un hôtel sympatoche où le défilé de touristes beaufs nous promet de bons fous rires à leur dépend bien-sûr. J’ai fini mes exams la semaine passée, et je me ronge les sangs à attendre le verdict de la commission disciplinaire pour ma copie… Enfin, j’essaie d’y penser le moins possible.
Rien de notable pour moi cette semaine mise à part l’attente de la convocation de la faculté. Mise à part ça, j’ai rendu deux bouquins avec 3 mois de retard, et les appels incessants de la bibliothèque m’ont rappelée à l’ordre et surtout le ravissant petit message sur mon répondeur, incendiaire, qui me prévenait que j’étais bloquée dans l’administration. J’ai pas tout compris ce que ‘bloquée’ signifiait mais j’ai pris les deux bouquins et je les ai ramenés dare dare chez mes chères bibliothécaires. Il faut dire qu’elles se disputent la palme de l’aigreur, ou de la laideur au choix. Des espèces de vieilles carnes édentées, péroxydées, dont les couches de maquillage semblent former un masque emplatré grimaçant.
Ma période de lutte contre la réouverture de la chasse aux testicules est vraiment difficile, la phase one man est délicate. J’avoue que la tendresse de deux petits bras ou les petites caresses sur les cheveux, sont des élément difficilement remplaçables et à fortiori encore plus squizzables. Mais bon, il suffit que je repense à Étienne pour que ma fureur revienne à sa bonne et due place.
Je me suis fait hier un restaurant italien avec ma chère petite Bernadette. Ce qui me rassure, et là dixième degré, c’est que même centenaire, les tracas relationnels sont toujours d’actualité ! Le petit vieux qui lui faisait du gringue est parti avec une autre vieille qui n’est autre que…sa femme !!!! qui l’a rejoint dans la maison de retraite. Bernadette était très en verve contre tous les ’salopards de cette planète’ et du coup, elle a arrosé les plantes du vioque (sa fierté) avec son urine, pendant qu’il pionçait avec sa femme, et puis elle a foutu son dentier dans les chiottes. ‘comme ça il oubliera pas à quel point sa bouche a l’odeur de la merde, quand il roucoulera avec sa Blanche’… Blanche au lieu de blonde, car sa femme a le luxe d’avoir une chevelure blancheur plus.
Bon, vous l’aurez compris elle était en rage, et encore plus quand elle a su que le ‘petit’ avec qui je sortais m’avait fait la misère (j’ai enjolivé très légèrement l’histoire afin d’effacer mes torts et de me faire passer un peu de pommade par ma copine de galère). Elle a voulu aller l’étriper de suite, mais j’ai calmé ses nerfs en lui assurant qu’il était atteint d’une terrible maladie, la punition divine ( en fait, sa connerie héhé).
Bon, chers tous, j’y vais, ma valise est éventrée sur le sol, et la gueule béante, elle vomit des bikinis de tous les côtés, des tongs, et tout plein de choses inutiles qui l’empêchent de se la boucler.
Va falloir faire le tri.
Bisous….
A nous, le soleil !!!!

Cynarsenik