Pour certains, il existe deux types de musique africaine :
celle que les musiciens africains jouent pour leurs compatriotes et
celle qu’ils enregistrent pour les autres. Bien sûr, la
frontière entre ces deux catégories n’est pas étanche. Il arrive qu’un
titre pensé pour des oreilles africaines triomphe en Europe, comme, par
exemple, le Premier Gaou de Magic System. Cela
n’empêche pas de nombreux professionnels de la musique de considérer
l’Afrique et le reste du monde comme deux marchés distincts, auxquels
ils doivent faire des propositions artistiques
différentes.
C’est le cas notamment de
Papa Wemba, qui avait annoncé l’année dernière deux albums : un album «
ghetto » et un album « world ». Pour l’instant, seul le premier a vu le
jour. Baptisé Notre-Père Rumba, il est sorti l’été dernier.
Dommage qu’il ait échappé au public européen, parce qu’il s’agit de
l’un des plus audacieux que le chanteur congolais ait signés ces
dernières années. Pour le préparer, Papa Wemba est
retourné dans son village natal, se ressourcer et renouer avec les
rythmes traditionnels locaux. Entre deux ndombolos plus conventionnels,
certains titres ont donc la vigueur brouillonne entendue récemment chez
Kasaï Allstars, Kisanzi Kongo et d’autres formations « tradi-modernes »
du pays.
Alors qu’on croyait
l’album « world »
définitivement enterré, l’entourage du chanteur annonce sa sortie à
l’automne. Ce que l’on sait pour l’instant de ce disque, c’est qu’il a
été enregistré entre Kinshasa et Paris, avec l’aide de quelques uns des
musiciens africains les plus demandés : Etienne M’Bappé (basse), Patrick
Bebey (claviers), Olivier Tchimanga (guitares), … Un duo avec le trop
rare Sekouba Bambino
y figurerait, ainsi qu’un titre inspiré par la bossa nova. Pour
l’instant, c’est une reprise de « Tonada de luna llena », un classique
du Vénézuélien Simon Diaz, plus proche cependant de la version qu’en
avait donnée Caetano Veloso que de l’original, qui met les fans en
appétit.
Clip
: "Tonada de luna llena"
Le nouvel
album, pour l’instant intitulé Wembadio, est prévu
pour l’automne. Reste à savoir s'il ne fera pas regretter à certains de
ne pas prêter plus d'attention à ce qu'il se passe dans le « ghetto »
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