Certains plasmides ou parties de l'ADN bactérien provenant de bactéries différentes peuvent circuler d'une bactérie à l'autre, se rencontrer et échanger du matériel génétique. Le résultat donne des plasmides comportant des gènes qui se sont adaptés aux différentes espèces bactériennes. Un phénomène décrypté par cette recherche passionnante qui montre comment ces plasmides IncP-1 sont de très puissants véhicules de développement de la résistance aux antibiotiques. Une recherche menée à l'Université de Göteborg et dont les résultats sont publiés dans la revue scientifique Nature Communications.
La partie de l'ADN bactérien qui porte la résistance aux antibiotiques est experte à se déplacer entre différents types de bactéries et à s'adapter à des espèces très différentes de bactéries, montre cette recherche, au moment même où la Journée mondiale de la Santé du 7 avril alerte sur l'urgence de prévenir le développement des résistances bactériennes. Ce problème connu sous le nom multi-résistance est aujourd'hui décrit comme l'une des menaces les plus graves de santé publique. D'autant que cette résistance aux antibiotiques peut se transférer d'une bactérie à une autre…
Une grande partie du transfert de gènes entre bactéries se produit par l'intermédiaire de plasmides de conjugaison, une partie de l'ADN bactérien. Un plasmide ne peut exister et se multiplier que dans une cellule donnée, mais peut ensuite être transféré vers une autre cellule et de cette manière passe d'une bactérie à une autre.
Des plasmides mobiles et adaptables aux différentes espèces bactériennes: L'équipe de recherche a étudié un groupe de plasmides de gènes connus pour être porteurs de résistance aux antibiotiques, les plasmides IncP-1. Les chercheurs ont réussi à cartographier l'origine des différents plasmides IncP-1 et leur mobilité entre les différentes espèces bactériennes. "Nos résultats montrent que les plasmides du groupe IncP-1 existent et se sont adaptés à des bactéries différentes. Ils se sont également recombinés, ce qui signifie qu'un seul plasmide peut être lui-même considéré comme un puzzle composé de gènes, adapté aux différentes espèces de bactéries ", explique Peter Norberg, chercheur à l'Institut de la biomédecine de l'Université de Göteborg. Cela suggère une très grande capacité d'adaptation et suggère que ces plasmides peuvent se déplacer relativement librement et prospérer dans des espèces bactériennes très différentes.
Les plasmides IncP-1 sont de très puissants« véhicules »pour le transport de gènes de résistance aux antibiotiques entre les espèces bactériennes. Dans quelle partie du monde, se pose le problème de résistance aux antibiotiques de certaines espèces bactériennes n'a pas grande importance. Ces gènes de résistance peuvent être transportés assez facilement de l'environnement d'origine à des bactéries qui infectent les humains, par le biais de plasmides IncP-1” affirme le Pr. Malte Hermansson du Département de biologie cellulaire et moléculaire de l'Université de Göteborg.
Les scientifiques connaissent depuis un certain temps de rôle important des plasmides dans la propagation de la résistance aux antibiotiques. Mais ces conclusions montrent que les plasmides IncP-1 peuvent se déplacer, et se sont déplacés entre espèces bactériennes différentes et ont interagi entre eux, augmentant ainsi le risque de propagation du gène.
Source : Nature Communications via Eurekalert “Antibiotic resistance spreads rapidly between bacteria”
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