Insidieux : qui se répand de manière sournoise. A l’instar de cette peur épurée, à l’ancienne, qu’insuffle James Wan à son film- prouvant qu’en plus d’aimer le genre, il est capable de faire autre chose qu’un Saw. Plus classe et moins barbare, Insidious est un Poltergeist moderne, qui ne cache ni sa nostalgie, ni ses (nombreuses) références. Son histoire est banale - Josh (Patrick Wilson d’Hard Candy) et sa femme Renai (Rose Byrne de Sunshine) se retrouvent confrontés à des évènements paranormaux lorsque leur fils Dalton (Ty Simpkins) tombe dans un inexplicable coma – mais son traitement est intéressant. L’entrée en matière et la longue introduction qu’offre Wan est une réussite totale. De sa caméra qui se faufile et qui installe l’angoisse, à un retour à des ficelles plus classiques pour distiller la peur (ombres, portes qui grincent, obscurité, figures effrayantes de clowns), Insidious promettait un sérieux original - en prenant son temps. Non plus pressé d’épater la galerie ou d’appâter l’amateur de boucherie mais animé d’intentions cinématographiquement plus matures. Et jusqu’au milieu du film, James Wan gagne son pari.
Ensuite, c’est un peu la débandade. Assumée. Folledingue. Venue d’un autre temps. Celui des films de Wes Craven, de Sam Raimi, l’horreur des années 90 avec des séries comme Buffy, X-files en chefs de file. La preuve ? Ce duo à la Ghostbusters qui débarque avec le médium, pour sauver la famille des griffes du diable. Place à l’humour, et retour en arrière, aux racines, à la simplicité du cinéma d’épouvante. Hommage ? Nostalgie ? Quoiqu’il en soit, Wan prend son pied. Un diable ringard, à l’instar de tout ce monde has been qu’il déploie, à l’imagerie grossière mais amusante : les flammes de l’enfer, les fantômes et âmes torturées, les scènes de spiritisme. Malheureusement moins effrayante que la première, cette partie modifie la cadence, l’approche de l’épouvante et offre du premier degré là où l’on attendait plus de profondeur (l’insidieuse explosion du couple et de la cellule familiale peut-être). Le film finalement se révèle un peu bancal, vieillot, poussiéreux, un peu facile aussi. Paradoxalement, c’est dans cette désuétude même (surtout lorsque l’on sait que le producteur est Monsieur Paranormal Activity) que le film trouve tout à la fois sa singularité … et ses limites.
Sortie France : 15 juin 2011