Battle for haditha

Par Rob Gordon
Qu'y a-t-il de pire pour un film se voulant politique que de proposer des idées prémâchées, prêtes à digérer, sans offrir matière à réflexion? A priori pas grand chose. Et si son Battle for Haditha est incontestablement pétri de bonnes intentions, Nick Broomfield peine à sortir de ce principe bassement manichéen selon lequel l'être humain est soit une victime sans défense, soit un salaud d'une fourberie sans nom. Comme s'il jouait à la guerre avec ses Playmobil, Bloomfield sépare les protagonistes du film en quatre grandes parties : les gentils soldats américains (qui tuent des civils à gogo mais uniquement parce que ce sont les ordres), leurs supérieurs sans coeur (des bushistes purs et durs), les pauvres civils instrumentalisés, et enfin ces vilains terroristes irakiens qui déclenchent leurs bombes à distance avant de rentrer chez eux, impunis. On aurait souhaité davantage de finesse de la part d'un spécialiste du documentaire.
Faisant un peu traîner en longueur un argument qui aurait mieux convenu à un documentaire d'une demi-heure, Bloomfield livre néanmoins un point de vue intéressant à défaut d'être nouveau sur la condition du soldat, écartelé entre sa conscience d'homme et ses objectifs militaires. Deux choix s'offrent à nos jeunes troufions : suivre les consignes des autorités (et donc se transformer en machines à tuer) ou désobéir (et donc devenir des planqués indignes d'être américains). Une position inconfortable, assez bien décrite par le réalisateur. On se serait en revanche passé de ces quelques scènes adoptant le point de vue des activistes irakiens, qui n'apportent rien au propos et tendent même à troubler le point de vue de Bloomfield. Il semblerait vraiment que celui-ci soit plus à l'aise dans le documentaire, l'analyse des témoignages de chacun constituant souvent une démonstration moins simpliste que la mise en images de situations extrêmes.
5/10