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Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. .

Publié le 13 avril 2011 par Ansolo

On ne sait pas si Jean de La Fontaine avait un solide coup de fourchette, mais il avait le sens de la formule. Et la morale de la fable des "Animaux malades de la peste" paraît pleinement s'appliquer à la sanction (si on peut l'appeler comme cela) infligée à Mark Cueto, l'ailier international de Sale.

Au cas d'espèce, les images étaient pourtant parfaitement claires. Le joueur inflige à un adversaire ce que le règlement désigne pudiquement comme "contact avec les yeux ou avec la zone oculaire" et que les amateurs de rugby connaissent mieux sous l'appellation "fourchette". La video montre parfaitement le geste de Marc Cueto, qu'on pouvait difficilement qualifier d'involontaire.

En guise de punition, le joueur a été suspendu 9 semaines par la fédération anglaise de rugby. A comparer aux 24 semaines infligés à Julien Dupuy dans des circonstances analogues ou aux 70 semaines de suspension auquelles la commission de discipline de l'ERC avait condamné le Parisien David Attoub pour une fourchette qu'il continue de nier d'avoir commise intentionnellement.

On ne reviendra pas sur les sanctions données aux joueurs Français. Le geste étant parfaitement répréhensible, il est normal qu'il soit puni avec une grande sévérité. Mais qu'il nous soit permis de nous étonner de la clémence dont a fait preuve la fédération anglaise à l'égard de la faute commise par l'international.

La fédération anglaise avance "des explications convaincantes" fournies par l'ailier de Sale. En premier lieu, il serait peut-être pertinent que les clubs Français invitent ce dernier à leur communiquer les "explications convaincantes" qu'il a pu avancer, afin d'en faire profiter leurs joueurs lors des prochaines citations.

Ensuite, on ne pourra que se réjouir pour l'international qui, la coïncidence est heureuse, sera réintégré à temps pour disputer les premiers matches de préparation du XV de la Rose pour la prochaine Coupe du Monde.

Cette décision n'est pas la première à susciter l'étonnement voire la colère des dirigeants et supporters Français. A force de multiplier ces décisions frappées, au moins en apparence, de la plus grande iniquité, les instances européennes et nationales outre-Manche font finir d'exacerber le ressentiment de ce côté-ci de la Manche. Géant économique dans le monde de l'ovalie, le rugby Français fait toujours figure de nain politique. Et malgré la présence à la tête de l'IRB et de l'ERC d'un représentant de l'hexagone, le sentiment est fort qu'il y a deux justices d'inégale sévérité selon qu'elles s'appliquent à des ressortissants Français ou à des joueurs Anglo-saxons.

Le rugby a prouvé qu'il savait se réformer lorsque ses intérêts, tout particulièrement économiques, l'exigeaient. Il serait bon que le volet disciplinaire soit laissé de côté. En laissant les fédérations agir avec une telle latitude, en n'homogénéisant pas les pratiques, enn'exigeant pas davantage de transparence dans les décisions des commissions, les instances dirigeantes continuent de creuser le fossé entre les puissances traditionnelles du rugby et les autres.

Il conviendrait, vraiment, que cela change.


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