Un manga dont on ne sort pas indemne.
Editeur : Kaze Manga
Type : Seinen
Prix : 7,95 €
Dans notre pays, une loi entend assurer la prospérité de la nation en rappelant à tous la valeur de la vie. Pour ce faire, un jeune sur mille entre 18 et 24 ans est arbitrairement condamné à mort par une micro-capsule injectée lors de son entrée à l'école. Lorsque l'on reçoit l'Ikagami, c'est qu'il ne nous reste plus que 24 heures à vivre. Mais à quoi passer cette dernière journée, lorsqu'on n'a pas eu le temps de faire sa vie ? Que feriez-vous de vos dernières 24 heures ?
Les Mangas et moi, un amour impossible ?
Grâce à une histoire digne des meilleures dystopies et à des mises en scène poignantes, Ikigami a su me faire changer d’avis.
L’histoire :
Ce premier tome nous présente un univers dans lequel le but de la société est d’accroître la productivité des individus tout en diminuant les comportements criminels. Pour ce faire, elle a trouvé une solution radicale qui rappelle aux gens que la vie n’est pas un droit mais un privilège. Le système mis en place est cruel et il conduit nécessairement à des dérives. Le principe est machiavéliquement simple et l’organisation diaboliquement efficace. Lorsqu’ils sont à l’école primaire, on réunit tous les élèves pour injecter à un enfant sur mille un vaccin contenant une capsule qui explosera inéluctablement quelques années plus tard lorsqu’il aura atteint un âge variable, situé entre 18 et 24 ans.
Comment sait-on qu’on nous a inoculé la bombe à retardement ? Justement on l’ignore… jusqu’à ce qu’on reçoive l’Ikigami, la notification de mort délivrée par des agents du gouvernement. À compter de la remise de ce document, il ne reste au condamné que 24h à vivre. Rien ni personne ne peut stopper le compte à rebours.
Que feriez-vous s’il ne vous restait que 24 heures à vivre ? Mieux vaut ne pas se poser la question car comme vous le démontrera ce manga, les hommes dans cette situation sont capables du meilleur… et surtout du pire. À défaut de pouvoir choisir l’heure de leur mort, les personnes désignées vont prendre le contrôle de leur vie en choisissant les circonstances de leur départ. Et leurs décisions font des victimes.
Dans ce volume, nous suivons trois personnages, nous avons donc trois points de vue tous plus enrichissants les uns que les autres. D’abord, Fujimoto, nos yeux et nos oreilles dans les sphères du pouvoir. Son statut nous permet d’appréhender les rouages bien huilés de cette mécanique meurtrière et inhumaine. Fujimoto est un livreur d’Ikigamis. Il appartient à ceux qui ont la lourde charge de délivrer la sentence mortelle. Tout est scrupuleusement organisé à tel point que c’en est effrayant (3 phases décrites de manière magistrale !). Fujimoto en vient progressivement à contester ce système dans lequel la société se prend pour Dieu. Il voit la souffrance des familles et a connaissance des horreurs commises par les condamnés les plus désespérés.
Les deux autres protagonistes sont Kamoi et Torio, deux personnages qui se voient remettre l’Ikigami et qui réagissent différemment. Je ne vous en dirai pas plus pour que le suspense soit entier.
Le graphisme :
Le coup de crayon est nerveux et brutal. J’ai particulièrement apprécié que certaines expressions violentes soient figées sur une double page nous permettant ainsi de prendre la mesure des émotions qui s’abattent sur les personnages.
Par ailleurs, l’illustrateur a su capter les moments clefs et a très bien retranscrit l’impact du système sur les membres de la société notamment le succès de l’endoctrinement qu’ils ont subi.
Côté texte, les répliques sont impeccables et tombent à point nommé venant lorsque c’est nécessaire accroître le tragique de la situation.
Pour conclure :
Cette série comporte 8 tomes à l’heure actuelle. J’ai hâte de découvrir la suite de cette machination politique dont je soupçonne les failles.
Quelques pistes :
Le système est-il sans appel ou certains bénéficient-ils d’une protection ?
Fujimoto prendra-t-il le risque de contrer le système au péril de sa vie ?
Trouvera-t-il des alliés ayant résisté à la propagande ?
Vous pouvez le feuilleter ici!!
écrit par Julie