'Indignation' est un roman de Philip Roth, américain. Je l'ai lu dans sa version orginale. Ce n'est pas un anglais trop compliqué, je n'ai eu aucune difficulté à suivre. J'ai beaucoup aimé cette oeuvre intense, belle, cruelle et ironique. C'est un livre net et incisif, court, un peu plus de 200 pages. 'Indignation' raconte l'histoire d'un jeune américain juif, Marcus Messner, élevé dans une famille modeste, son père est un boucher cacher. Marcus est un gentil garçon, sérieux, travailleur, qui veut faire son devoir et s'élever dans l'échelle sociale. Derrière ce vernis de droiture, Marcus est aussi un rebelle, mais ça c'est ce que les circonstances de son histoire permettront de révéler. À peine sorti de l'adolescence, Marcus comnence à se sentir oppressé par les tentatives de contrôle total de la part de son père, avec des attitudes qui frisent la paranoïa. Il va donc s'inscrire dans une université loin, très loin, de son cocon familial. Mais cette quête de liberté va lui apporter son lot de surprises et de nouveaux carcans. L'université de Winesburg, qu'il a choisie presque au hasard sur base d'une image publicitaire, est en effet un univers régi par les conventions et un état d'esprit hyper-conservateur. Marcus a beau se dire que ce qu'il doit faire, c'est de se concentrer sur les études et les bonnes notes, très vite son mode opératoire est confronté aux pressions des autres, ses collègues de dortoir, le proviseur et surtout la belle Olivia. Ses choix de comportement, logiques de son point de vue, conformes à son idée de l'intégrité personnelle, l'amènent dans un enchaînement de situations qui le poussent petit à petit vers l'inexorable dénouement. Car en toile de fond de ce roman 'd'apprentissage', il y a les carnages de la guerre de Corée...
Vivre ou rêver, s'adapter ou rester intègre, partager ou s'isoler, ce sont quelques-unes des questions posées par le livre de Roth. Terriblement lucide au sujet de l'hypocrisie bien-pensante de la société américaine de l'après-guerre, il n'en affiche pas moins un regard ambigü, ironique, désenchanté, sur toutes les soifs d'émancipations qui vont éclater dans les années 60 et 70.
Il y a ainsi plusieurs lectures possibles de 'Indignation', c'est un livre à clefs, dense et profond, mais qui garde une trame narrative très simple et surtout un personnage magnifique, Marcus Messner, jeune idéaliste inconscient. La description des relations avec ses parents est poignante, empreinte d'amour et de rage. Son histoire d'amour avec Olivia aussi. Pauvre ingénu inexpérimenté... En amour aussi, l'idéalisme béat peut faire des dégâts...