Voilà longtemps et trop longtemps
Qu’on nous prêche la patience.
Nous voyons passer les printemps,
Les longs hivers et rien n’avance.
Tous ceux qui prennent le pouvoir,
Politiciens et saltimbanques,
N’ont de courage et de savoir
Que pour faire sauter les banques.
Et ça se dit républicains,
Tas de coquins !
Ils n’ont fait leur quatre-vingt neuf
Que pour supplanter la noblesse
Et faire trimer comme un bœuf
Le populo qui les engraisse.
Sous leur règne tout n’est que vol :
Ils nous ont volé les usines,
Volé le sol et le sous-sol,
Volé l’outil et les machines !
Et ça se dit républicains,
Tas de coquins !
Maintenant tout leur est égal,
Ils ont trouvé l’art de bien vivre ;
Leur bon Dieu c’est le capital,
Et leur Bible c’est le grand Livre.
Aussi qu’il fasse faim ou froid,
Ah ! comme ils font la sourde oreille !
Ou, la force primant le droit,
C’est le fusil qui fait merveille.
Et ça se dit républicains,
Tas de coquins !
Bons à tout et propres à rien,
Riches des misères des autres,
Ils confisquent comme leur bien
Tout ce que produisent les nôtres.
Et tandis que dans leurs hôtels
Sainte Orgie est la bienvenue,
Sur leurs bagnes industriels
On peut écrire : ici l’on tue !
Et ça se dit républicains,
Tas de coquins !
Ne réservant qu’aux grands voleurs
Leur sympathie et leurs courbettes,
Ils se sont faits les pourvoyeurs
Des bagnes et de la Roquette…
Et ces repus suintant l’or,
Ruminant sous leur bonnet d’âne,
Cherchent s’ils pourraient bien encor
Assassiner la Marianne !
Et ça se dit républicains,
Tas de coquins !
- texte : Jean-Baptiste Clément.
- musique : Charles Lambert.
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