C’est la partie de cet entretien consacrée à la Fondation Nicolas Hulot dont nous vous donnons à lire la retranscription légèrement résumée. En raison de l’actualité politique du personnage. Nous reviendrons un peu plus tard sur les autres partenaires de cette bande des quatre : WWF, Greenpeace et FNE. Car ce qu’il en dit vaut vraiment la peine d’être entendu.
« Nées pour la plupart il y a une quarantaine d’années, leur action d’aujourd’hui n’a plus guère grand-chose à voir avec l’idéal qui les animait à leur création. Sur fond de connivences, de décorations, de cocktails, de tapes sur l’épaule et de copinage ». Voilà par quoi commence l’entretien entre Fabrice Nicolino et Daniel Mermet.
Venons-en maintenant à Nicolas Hulot et à la fondation qui porte son nom. Que faut-il penser de Nicolas Hulot ? D’abord que Nicolas Hulot n’est pas naïf au point de ne pas se rendre compte du rôle qu’on lui fait jouer. Et qu’il a fait le choix de rester lié à l’univers de la grande industrie. Au conseil d’administration de sa fondation siègent TF1 – pas vraiment l’ami des grands espaces –, EdF, acteur majeur de l’électronucléaire, L’Oréal et autres entreprises de ce genre. Ensuite que Nicolas Hulot se complait dans le rôle du boy-scout interprétant « Si tous les gars du monde voulaient s’donner la main », sauf que tous les gars du monde ne veulent pas se donner la main. Et cela devient grotesque. Des dizaines de fois il a rencontré en tête à tête Jacques Chirac pour tenter de la convaincre que la crise écologique était sérieuse. L’en a-t-il convaincu ? Pas du tout. En a-t-il tiré les conséquences ? Pas davantage, puisqu’en 2007, il a repris la même démarche avec Nicolas Sarkozy.
Sa fondation ressemble à un regroupement censitaire du temps où n’existait pas le suffrage universel. Une femme, une seule, siège à son comité de veille écologique, sorte de comité d’experts chargé de valider ses prises de position, qui ne comprend aucun ouvrier, aucun artisan, aucun paysan, aucun représentant du Sud, aucun jeune. Une représentation censitaire du monde, disions-nous. Comment s’étonner alors que Nicolas Hulot soit embarrassé par la question du nucléaire ? Une mission parlementaire s’est récemment emparée du sujet et s’interroge officiellement sur la relation de cause à effet qui pourrait exister entre la présence d’EdF au sein de son conseil d’administration et la grande modération de la position de la Fondation Nicolas Hulot sur le nucléaire. Jusqu’à présent, Nicolas Hulot est toujours resté très évasif sur sa vision de l’industrie nucléaire. Jean-Marc Jancovici, polytechnicien, expert de Nicolas Hulot pour les questions d’énergie a été consultant pour ARÉVA et EdF. Il déclarait il y a deux ans sur RMC à Jean-Jacques Bourdin qui l’interrogeait : « Oui, j’adore le nucléaire ; je suis farouchement pour le nucléaire ».
Cela fait désordre, mais à l’arrivée, on a cependant une structure tournant autour d’un personnage médiatique qui a eu le mérite de populariser le débat et de rendre intelligible des enjeux comme celui de la biodiversité. Mais comme par ailleurs, il n’a aucune conscience de ce qu’est une société humaine et des rapports de force qui l’animent, de l’existence de classes sociales et d’intérêts sociaux divergents ou contradictoires, ne sait pas comment cela fonctionne et comme nous l’avons dit précédemment qu’il reste lié aux intérêts économiques de sociétés transnationales, il est bien entendu incapable de nous aider à faire face à la crise écologique. C’est pourquoi, s’il se présente, déclare Fabrice Nicolino, « je ne voterai pas pour lui ».
C’est en conclusion ce que Daniel Mermet nomme : « les carences de Monsieur Hulot ».
Transcription et présentationReynald HarlautFabrice Nicolino, « Qui a tué l’écologie ? », Éd. Les Liens qui libèrent, Paris, mars 2011, 20,50 € dans les bonnes librairies.