A l'occasion de son estimation du 12 avril des doses reçues au Japon par irradiation externe due aux dépôts radioactifs provoqués par l'accident de la centrale de Fukushima-Daiichi, l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire fait le point sur les dépôts radioactifs formés dans l'environnement de la centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi et leurs conséquences dosimétriques pour la population vivant dans les territoires contaminés.
Pendant toute la durée des rejets atmosphériques et jusqu'à dissipation complète du panache radioactif provoqué par l'accident, une partie des radionucléides (sous formes d'aérosols ou de gaz solubles dans l'eau) se sont déposés au sol, selon deux processus complémentaires (figure ci-contre) :
· le dépôt sec, qui se forme sur toutes les surfaces au sol au contact des particules radioactives de l'air.
· le dépôt humide qui se forme uniquement si des précipitations pluvieuses ou neigeuses ont lieu. Il peut être beaucoup plus important que le dépôt sec formé au même endroit, car les gouttes de pluie ou les flocons concentrent les particules radioactives de l'air et les ramènent au sol. L'IRSN fait le point sur les informations dont il dispose sur les dépôts radioactifs formés dans
Des « taches de dépôt radioactif », même à une certaine distance du site : Ainsi, la répartition géographique des dépôts autour de la centrale de Fukushima-Daiichi est hétérogène et complexe. Elle dépend à la fois des trajectoires successives du panache radioactif formé par les rejets de la centrale ainsi que des précipitations. Ainsi, l'importance du dépôt n'est pas uniquement fonction de la distance du site nucléaire mais elle dépend aussi du relief et du lieu où ont eu lieu ces précipitations pendant les rejets. Il peut alors se former des « taches de dépôt radioactif », même à une certaine distance du site.
Les dépôts radioactifs sont constitués de radionucléides présents dans l'air sous forme de fines particules (aérosols) ou de gaz solubles dans l'eau (iode) qui émettent des rayonnements gamma qui contribuent à l'augmentation du débit de dose ambiant, composés
· d'iode radioactif (iode 131, iode 132) ;
· de césium radioactif (césium 137, césium 134 et césium 136) ;
· de tellure 132, dont la désintégration radioactive produit l'iode 132 évoqué ci-dessus ;
· de baryum 140, dont la désintégration radioactive produit du lanthane 140 également radioactif.
Quel mode de contamination? Dès que le dépôt s'est formé, les résidents ont un risque d'exposition par ingestion de denrées issues de cultures locales et par exposition externe au rayonnement émis par le dépôt. Il existe enfin un risque d'ingestion involontaire de particules radioactives non fixées sur les surfaces (dépôt labile), précise l'IRSN. La présence prépondérante de radionucléides de période radioactive courte fait que l'essentiel des doses dues à l'irradiation externe par le dépôt est reçu au cours des premières semaines suivant la formation du dépôt.
Et en France ? : Des traces de césium 134, césium 137 et ponctuellement de tellure 132, imputables à l'accident de Fukushima, ont été mesurées dans l'air en différents points du territoire, à des activités de l'ordre de quelques centièmes de millibecquerels par mètre cube d'air. Ces niveaux de concentration en radionucléides artificiels sont très faibles et ne représentent aucun risque environnemental ou sanitaire, même en cas de persistance dans la durée.
Source : Communiqué IRSN
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