Écrit par Mutations
Mardi, 12 Avril 2011 15:55
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Après son désengagement en 1990, le gouvernement reprend progressivement pied dans le secteur bancaire en y rachetant des parts. L'Etat du Cameroun a visiblement décidé de relancer ses investissements dans le secteur bancaire, après la crise qui a secoué le secteur dans les années 90, laquelle avait conduit à la cession des actifs publics dans pratiquement toutes les institutions bancaires jadis contrôlées par l'Etat.
En effet, vendredi dernier au cours d'une réunion à Paris, le groupe bancaire marocain Attijariwafa a officiellement pris possession de 51% des actions de la Scb-Crédit agricole Cameroun (Scb-Ca). Mais les 49% restants, apprend-on de bonnes sources, tombent dans l'escarcelle de l'Etat du Cameroun, qui a signé mercredi le 6 avril dernier à Yaoundé, la convention de rachat de 14% d'actions appartenant antérieurement au Crédit agricole français, afin de compléter son portefeuille initial (35%).
Selon des sources autorisées, le gouvernement camerounais a réalisé une bonne affaire à travers cette transaction, qui a coûté 4 milliards de Fcfa pour, l'action lui ayant été cédée à 50.000 Fcfa l'unité, alors que les Marocains d'Attijariwafa Bank, eux, avaient racheté l'action à 85.000 Fcfa plusieurs mois auparavant. Toujours le 6 avril dernier, avant de parapher le contrat complétant le portefeuille d'actions de l'Etat du Cameroun dans le capital de la Scb-Ca, dont la nouvelle dénomination a également été à l'ordre du jour de la réunion de vendredi dernier dans la capitale française, le ministre camerounais des Finances, Essimi Menyé, avait reçu en fin d'après-midi une délégation conduite par Henri Claude Oyima, le Pdg du groupe Bgfi Bank, le premier groupe bancaire gabonais qui a récemment ouvert une agence à Douala, et qui compte, selon son Pdg, axer ses activités sur le financement des Pme-Pmi, unanimement présentées comme étant les premiers moteurs de la croissance économique d'un pays.
Agrément
Au sortir de cette réception à Yaoundé, l'argentier national avait annoncé que les responsables de la Bgfi étaient venus présenter au gouvernement l'équipe dirigeante de la Bgfi Bank Cameroun, «établissement bancaire dans lequel l'Etat du Cameroun détient 20% des actions [une loi de 2010 fixe désormais à 20% maximum, le niveau de prise de participation de l'Etat dans les entreprises]».
Cette révélation d'Essimi Menyé a été faite sur un ton triomphaliste déjà utilisé en novembre 2010. En effet, ce mois-là, à peine la Commercial Bank of Cameroun (Cbc) du groupe Fotso avait-elle été mise sous administration provisoire suite à des errements dans la gestion, que le ministre des Finances était allé rassurer les clients de l'agence Cbc de l'Avenue Kennedy sur l'avenir de cette institution bancaire, tout en annonçant que l'Etat avait racheté 20% des actifs de cette banque, afin d'aider à sa restructuration.
Dans la même veine, face à la délégation du Fmi qui a récemment séjourné au Cameroun, Essimi Menyé a indiqué que le gouvernement s'apprêtait à envoyer à la Commission bancaire de l'Afrique centrale (Cobac, le gendarme du secteur bancaire dans la zone Cemac), les documents visant à obtenir l'agrément pour la création d'une banque agricole, laquelle sera constituée à 100% de capitaux publics.
Cette dernière nouvelle, souffle une source qui a côtoyé les membres de la dernière mission du Fmi au Cameroun, a été une pilule difficilement avalée par les experts de cette institution de Bretton Woods. «La crise du secteur bancaire à laquelle le Cameroun a fait face au début des années 90 est née de ce que la plupart des banques qui étaient contrôlées par l'Etat ont été mal gérées. Avec le retour de l'Etat dans le secteur bancaire, le Fmi craint qu'on retombe dans ces mêmes travers», soutient notre source, en précisant que de ce fait, la délégation du Fmi a clairement dit sa réticence au gouvernement sur le projet de création d'une banque agricole.
Mais le ministre des Finances, ancien du Fmi lui-même, a été plus que catégorique sur l'engagement de l'Etat du Cameroun à créer cette banque. Afin de satisfaire une promesse réitérée aux agriculteurs par le chef de l'Etat au cours du comice agro-pastoral d'Ebolowa en janvier dernier.