Rio. (réalisé par Carlos Saldanha)
Si tu vas à Rio...
Ce film d'animation est une gentille bluette (jeu de mots!) qui fait autant appel à notre fibre aventurière qu'à notre sens de l'humour le plus élémentaire. Inutile mais pas désagréable.
Blue (d'où le jeu de mots^^) est le dernier mâle de son espèce. Enlevé lorsqu'il était tout petit, il est recueilli par une petite fille du Minnesota, Linda. Des années plus tard, un jeune ornithologue un brin barré rend visite à la jeune femme. Il souhaite que Blue s'accouple avec la dernière femelle de son espèce, à Rio. Mais lorsque les deux oiseaux sont enlevés par des braconniers, l'aventure prend une tout autre tournure...
Carte postale.
Ce que l'on retient le plus de ce film d'animation, c'est son décor. Magnifiquement mise en scène la ville de Rio est grandiose. On ne compte pas les plans larges de la ville brésilienne. De nuit, de jour, de vrais photos de cartes postales que les agences de voyages ne renieraient pas. Et puis, que serait Rio sans son carnaval? Là aussi, ils ont fait leur maximum pour promouvoir la démesure de la fête: graphismes léchés, couleurs grandiloquentes... De même, un soin particulier a été accordé à la population, présentée comme festive et plus ou moins accueillante. Enfin, la nature qui entoure la ville, avec son fabuleux bestiaire, finit de convaincre. Si vous ne savez pas ou passer les vacances, allez à Rio!
En gros, le film promeut un décor idyllique. Mais Rio abrite aussi la misère et l'insécurité de la favela. Et on peut regretter la frilosité des producteurs face à cette réalité. Ok, nous sommes dans un film pour enfants mais occulter la réalité ne me semple pas judicieux. Tout ce que l'on voit, c'est cet orphelin qui vole pour survivre. Mais son traitement est guère original.
Humour très moderne.
L'originalité fait également défaut à l'humour. Oui, on sourit souvent et on passe un bon moment en famille mais les gags sentent le réchauffé. L'humour utilisé ici est bien connu. Il fait bien évidemment penser à L’âge de glace (autre production de la Fox) mais aussi à Madagascar 2. Il emploie des personnages déjantés qui font du n'importe quoi assumé. Les protagonistes principaux tout d'abord. Ces derniers (le couple humain, comme le couple oiseau) reposent sur leur antagonisme. Linda et Blue sont casaniers et routiniers alors que les deux autres sont des amoureux de la liberté et de l'imprévu. Le film s'amuse de leurs contrastes en leur proposant des situations dans lesquelles leurs réactions sont forcément opposées. Mais l'humour repose surtout sur les personnages secondaires. Ici, le show est assuré par les deux petits oiseaux, les singes (pompés sur ceux de Madagascar justement), les deux voleurs débiles et le chien décérébré. Le problème, c'est que leurs délires n’atteignent jamais ceux de L'âge de glace (ah Buck) et l'humour n'est jamais aussi subtil (pour adultes donc) que dans Madagascar 2. Dommage.
Le loup et le chien.
De même, il manque un brin de folie, une imprévisibilité au scénario. Dès le début on sait comment il va se terminer. La morale est bien connue et reprend celle de la fable Le loup et le chien de La Fontaine:
“- Attaché? dit le loup: vous ne courez donc pas où vous voulez?
- Pas toujours; mais qu'importe?
- Il importe si bien, que de tous vos repas je ne veux en aucune sorte, et ne voudrais pas même à ce prix un trésor.
Cela dit, maître loup s'enfuit, et court encore.”
Blue vit heureux dans sa petite vie paisible et monotone. Pourquoi prendrait il des risques à être libre et en danger dans son habitat naturel? Sa dulcinée est libre mais sa vie est dangereuse, imprévue et elle ne l'échangerait pour rien au monde. On se doute bien que l'oiseau va épouser cet état d'esprit et abandonner son nid douillet (caractérisé par un froid inhospitalier) pour la liberté, symbolisée par la capacité de voler. Un oiseau qui ne peut voler est comme incomplet et il le restera tant qu'il sera cloué au sol. Tout ce déroulement est prévisible, tout comme le fait d'adopter l'enfant des rues.
Au final, ce film d'animation est trop conventionnel. Prévisible et frileux, il remplit son office et offre un bon moment en famille. Il ne peut s'élever au dessus de la masse et ne fera pas date.
Les+ :
- Graphismes.
- Divertissant.
- Partir en voyage...
Les- :
- Conventionnel.
- 3D inutile (encore une fois).
- Un peu plus de folie et d'ambition n'aurait pas été un luxe!
Note: