Curation, encore et encore. On sait que la Curation est le nouveau buzzword sur internet après community manager.
Sur son blog Actulligence, Frédéric Martinet (que j’apprécie bien pour ses articles concernant l’intelligence économique et la veille) annonce que « la Curation c’est de la merde« . Et pour cela il propose 5 raisons.
Vu que je ne suit pas d’accord, je vais répondre aux 5 raisons en montrant que ce qui est dit est tout simplement faux :
Raison 1 : Les plateformes de curation et l’acte de curation en lui même n’apportent rien
Ici je vais parler de l’acte de curation, pour les plateformes de curation je laisse cela à leurs propriétaires ou à leur community managers. L’acte de curation ou de content curation est de donner un nouveau contexte à l’info, à l’enrichir et à l’organiser. Et ce n’est pas uniquement ce de que Frédéric disait dans cette raison « C’est s’abonner à des sources d’information, lire des blogs, des sites webs et sélectionner des passages, des contenus que l’on va agréger dans un même espace. » Le fait juste d’agréger du contenu les robots le font bien, et cela ne s’appelle pas curation mais agrégation.
Par contre s’il y a un choix éditorial des liens (et pas un choix automatique avec des algorithmes), on peut parler de curation… c’est une forme parmi autre de curation, certe qui apporte une valeur ajoutée relativement limitée mais ca reste une valeur ajoutée. Et pour celui qui a besoin d’une compilation de liens sur une thématique précise c’est du bonheur.
Je ne parle pas ici d’un annuaire bis, mais imaginez que vous voulez acheter une montre de luxe, vous allez sûrement remercier le blogueur qui s’est donné la peine de compiler dans un billet les 10 liens d’articles qui vous expliquent les critères de choix d’une montre.
Raisons 2 : La curation constitue une atteinte au droit d’auteur
Frédéric dit « La curation c’est prendre du contenu à un endroit et le mettre à un autre. Rien d’autre.«
Désolé mais cela est faux et cela ne s’appelle pas de la curation, ca s’appelle du copier/coller ou plus précisement du vol de contenu avec violation des droits d’auteurs.
La curation, c’est de la citation avec un nouveau contexte… sans se substituer à l’article d’origine. Voir article L122-5 3e a. du code de la propriété intellectuelle.
Et si certaines plateformes « dite de curation » ne respectent pas cela comme dit dans l’article de Frédéric… c’est un problème des plateformes et non pas de la curation. Pour moi il y a ici un confusion entre la curation et les outils qui se disent, à tort ou à raison, qu’ils sont des outils de curation.
3) Les plateformes de curation favorisent le parasitisme économique
Frédéric argumente cette raison en disant « Certaines plateformes de curation proposent la fonctionnalité « share » de rediffusion sur différents réseaux sociaux en faisant un lien vers la plateforme de curation qui héberge le contenu plutôt que vers l’article original. Il s’agit donc d’une captation de trafic potentiel, et donc de parasitisme économique. »
Là aussi il s’agit de la fonctionnalité d’un outil et non pas de la technique de curation. Et même si cette fonctionnalité est utilisée par de outil cela ne permet à personne de capter un trafic. Parce que tout simplement le trafic n’est la propriété de personne. C’est une vue de l’esprit qui est totalement erronée.
Imaginons que dans une page blanche dans mon site je rajoute un lien vers un article dans le Monde.fr en encourageant les visiteurs de ma page à visiter l’article de qualité de le monde. Imaginons que 3000 personnes vont visiter ma page et 100% vont cliquer sur le lien. On comptera 3000 visites chez moi et 3000 visites en plus chez lemonde.fr. Je n’ai rien capté, j’ai au contraire contribuer à la visibilité d’un article de Le Monde.
4) Favoriser la curation, pour nous les enfants du web, c’est être inconscient
L’argument présenté par Frédéric ici est : « Favoriser l’utilisation de solutions qui n’apportent rien à la gestion de l’information et qui profitent des technologies de l’information pour démultiplier l’information à l’infini c’est être coupable de conduire à l’effondrement d’un système qui est basé sur un fonctionnement proche des pires pratiques de la finance. » Les règles du monde numérique ne sont pas celle du monde réel. L’élément atomique de la finance est une unité d’une monnaie. Une unité d’une monnaie a une valeur dans le monde réel et en principe elle doit avoir une contrepartie en or qui garantie sa valeur. Dans le monde numérique l’élément atomique est un bit, le coût marginale est presque nul, ce qui fait que même avec une augmentation exponentiel l’impact économique est très limité et ne peut être visible que sur des milliers d’années avec la technologie actuelle. Ce qui est tout simplement impossible si on connaît la loi de Moore et on suit l’évolution de la technologie de stockage.
5) La curation c’est noyer l’information
Là aussi on peut lire « La curation ne favorise pas l’accessibilité du contenu. Non. Les mécanismes sociaux intégrés à le plupart des plateformes de curation sont aussi minces que la ficelle d’un string… et par ailleurs là encore ils s’appuient sur d’autres solutions de réseaux sociaux qui ont construits et inventés des mécanismes si ce n’est innovants, relativement complets de management en ligne de ses relations sociales.«
Il s’agit toujours pour moi d’un amalgame conscient ou inconscient entre la curation et les outils dits de la curation.
Conclusion
Bon, tout en respectant Frédéric Martinet et son opinion propre sur la Curation. Je n’adhère pas son affirmation « Content Curation c’est de la merde« . De mon côté j’ai des positions claires sur la curation et les curators qui sont expliquées ici :
- Content Curation : Voici mon avis sur la Curation et les Content Curators
- Le Curator : un héros qui vous veut beaucoup de bien
Je serais curieux d’avoir ton avis concernant la curation entant que technique (sans parler des outils actuels).
Est ce que tu es pour ou contre ? Et pourquoi ?
Credits: Amazing collection of videos at #IgniteSmithsonian. But then they’re known for great « curation. » :) by Divergence