POETE.
à François Teyssandier.
Tu veux rendre les mots charnels
en un incandescent combat
tu veux leur conférer le poids
de la terre, de l’eau, du feu ;
tu te bats sans cesse contre eux
tu les voudrais
soyeux, vibrants,
respirants, chargés de clarté
scintillants de pleine présence.
Tu les tritures en tous les sens
et tu y traques des filons
des veines de charbon ou d’or
ou d’azurite où tu pourrais
trouver enfin
la fin des quêtes.
Tu veux les métamorphoser
au fer rouge
de l’alchimie
les sortir de leur inertie
les détourner
vers leur ailleurs.
A force de
les convoquer
de les prier d’aller plus loin
qu’eux-mêmes, à force de chercher
en eux quelque noyau caché
à force de te démener
à leur extirper des éclats
de silex ou bien de cristal
et des tonnerres fulgurants ;
à force de leur demander
de se comporter en mutants
et de hurler à pleins poumons
leur cométaire étrangeté.
A force de les supplier
de te révéler
leur envers
leurs confins leur dépassement
ne te brûles-tu pas
les ailes ?