Le processus d’investiture du candidat représentant le PCF à l’élection présidentielle est lancée depuis le Conseil National de ce week-end. En lisse, trois candidats. Jean Luc Mélenchon et André Chassaigne représentent tous deux les partisans du Front de Gauche, à priori majoritaires au sein du Parti communiste. La candidature de ce dernier constitue la plus sérieuse concurrence au co-président du PG. En effet, les deux autres candidats, à savoir le député André Gérin et le modeste Emmanuel Dang Tran, tous deux partisans d’une ligne plus “identitaire”, apparaissent peu crédibles à l’échelle nationale.
Comment la nomination se déroule-t-elle ? Contrairement aux primaires socialistes, le PCF ne soumettra pas ces quatre noms aux adhérents. Des Assemblées générales locales seront convoquées ces prochaines semaines, qui constitueront ensuite des conférences départementales, elles-mêmes déléguant des membres à la conférence nationale qui se déroulera début mai. Celle-ci devra élaborer un “bulletin de vote”, c’est à dire une proposition d’orientation incluant un candidat et une stratégie pour 2012. Aux communistes ensuite de se prononcer pour ou contre cette proposition. En somme, la conférence nationale du PCF devra établir les termes du plébiscite.
Bien que ce procédé soit critiquable, il ne constitue pas une nouveauté. Il correspond au processus mené pour les précédentes échéances électorales, ou pour l’élection de M. Laurent à la tête du PCF. En revanche, il pose un certain nombre d’interrogations quant à la cohérence du projet Front de Gauche pour 2012. Ce projet, axé sur des candidats communs aux deux échéances de 2012 ainsi que sur un “programme partagé”, se veut articulé autour d’une dynamique capable d’emmener activistes, syndicalistes, et autres personnalités du mouvement associatif dans la campagne pour une “alternative à gauche”. Or, force est de constater que la phase de préparation de la campagne telle que conçue entre PCF et PG pose un certain nombre de contradictions.
Le programme partagé, pour l’heure inachevé, constitue d’ores et déjà une base de travail avancée, qui nécessite tout de même quelques ajustements. De fait, cette base s’apparente davantage à un savant équilibre entre les besoins du moment et les positions des deux principales forces du Front de Gauche, plutôt qu’à un véritable programme partagé par les forces du mouvement social que ce front souhaite incarner. Selon cette configuration, l’élaboration du projet précèderait ainsi la dynamique tant espérée par les deux partis.
Puis, il y eut cette bombe lâchée par Jean-Luc Mélenchon dans l’édition du lundi 12 avril de l’Humanité, passée quasiment inaperçue. Le député européen évoquait alors la préparation de l’accord touchant aux législatives. “Sur les 300 premiers cas déjà examinés, il n’existe, à l’heure qu’il est, pas une seule divergence” lançait-il. Contactés par téléphone, plusieurs responsables locaux du PCF confirment n’avoir reçu aucune information à ce sujet. Plus gênant, aucune concertation à l’échelon local ne semble s’être dessinée pour cette accord. Avec trois-cents cas examinés, au moins l’ensemble des départements seraient donc concernés.
Les acteurs du mouvement social seraient-ils réduit à un simple réservoir de bras, incapables de prendre place dans l’élaboration du projet ainsi porté ? Plus délicat, le tête-à-tête entre PG et PCF se transformerait de plus en plus en négociations aux sommets, aux dépends des structures locales de ces deux organisations. La préparation de l’élection de 2012 telle que conçue par les deux principaux partis composant le Front de Gauche laisse ainsi peu de doutes quant à la concrétisation d’une réelle dynamique citoyenne