La Terre se meurt et les hommes vivent dans des stations orbitales surpeuplées. Leur seul espoir est de rejoindre un jour Rhéa, unique planète habitable connue mais située à cinq années-lumière du système solaire. À bord du vaisseau Kassandra, des centaines d’émigrants en cryo-sommeil se font transférer sur la station 42 alors que l’équipage du navire se relaie pour surveiller les systèmes du cargo interstellaire. Pendant son tour de garde, la doctoresse Laura se rend compte qu’elle n’est pas la seule éveillée à bord…
Au cinéma, science-fiction rime le plus souvent avec action et gros budget, mais rarement avec intelligence et petits moyens. Cargo, pourtant, appartient bien à cette seconde catégorie, celle qui s’enrichit tant depuis une quinzaine d’années qu’on en vient à se demander si la science-fiction sur grand écran ne commence pas à devenir enfin un genre réellement fréquentable plutôt que presque toujours décevant comme c’était encore le cas il y a peu. En fait, on se rapproche de plus en plus de la limite établie par la « Loi de Sturgeon » énoncée jadis par l’écrivain éponyme – justement un des auteurs les plus marquants de la science-fiction – au lieu de graviter autour de la norme observée jusqu’ici des 99% de nullités dans les productions du genre au cinéma – comme quoi, la juste cause avance bel et bien…
Il faut dire aussi que Cargo combine avec brio l’intelligence des extrapolations techniques – au moins sur le plan du réalisme pur, et pour peu qu’on ne s’embarrasse pas de broutilles – avec la sensibilité de la dimension humaine du récit – en tous cas compte tenu des préoccupations actuelles. Bien sûr, les détracteurs argueront comme à leur habitude que rien de ce que présente ce film ne peut être vérifié puisqu’il évoque un avenir encore assez lointain, oubliant ainsi que le cœur du sujet ne se trouve pas dans ce détail-là mais bien dans la question que sous-tend la destruction de l’environnement naturel par les activités humaines : comment nous en sortirons-nous ?
Pourtant, l’actualité de la dernière décennie a très bien démontré l’intérêt du grand public pour ce problème, alors justement que celui-ci ne se posera vraiment que dans un certain temps encore impossible à déterminer avec précision – soit dans un avenir bel et bien aussi flou que celui de ce film. En fait, dans Cargo, c’est la (science-)fiction qui rejoint la réalité au lieu du contraire qu’on observe d’habitude, ou du moins assez souvent – et ceci bien que le lecteur aguerri du genre soit, lui, plutôt coutumier d’un tel processus.
Bref, Cargo ne se contente pas de proposer toutes les qualités qu’on est en droit d’attendre d’un bon récit de science-fiction, sur le plan technique comme sur les aspects humains, il s’inscrit aussi tout à fait dans l’air de son temps dont il illustre à merveille nombre des excès et des contradictions.
Ce qui pour beaucoup correspond à la définition d’une œuvre qui compte…
Cargo, Ivan Engler & Ralph Etter, 2009
Seven7, 2010
108 minutes, env. 10 €
- le site officiel du film (en allemand)
- d’autres avis : Traqueur Stellaire, DevilDead, Cinéma Fantastique, Scifi-movies