« Je reviens rapidement sur l’Islande dont j’ai parlé il y a quelques jours dans un article développant plus complètement la situation. C’est pour annoncer que les Islandais ne sont pas prêts à se renier.
Pour la deuxième fois consultés par référendum samedi 9 avril, pour savoir s’ils acceptaient ou non de payer la dette des anciennes banques privées de leur pays – dette dont ils ne sont pas responsables –, ils ont clairement exprimé leur choix. NON, ils ne paieront pas.
Contrairement à ce que croient beaucoup de nos concitoyennes et concitoyens, en pareil cas, c’est-à-dire quand le débiteur – du moins en l’occurrence celui désigné comme tel – décide de ne pas régler sa dette, celui des deux, de l’emprunteur ou du prêteur, qui se trouve dans la position la plus délicate, n’est pas l’emprunteur, mais bien le prêteur. S’il ne veut pas tout perdre, c’est bien le prêteur qui devra faire des concessions. Et c’est l’emprunteur qui le tient à sa merci.
C’est ce qu’aurait dû évidemment savoir le premier ministre socialiste grec Papandreou. Cela lui aurait évité de se coucher devant les banquiers à leur première admonestation et de trahir le peuple grec qui venait de l’élire, en lui faisant subir le terrible plan de rigueur imposé par le FMI. De même pour le premier ministre socialiste portugais démissionnaire José Socrates qui appelle désormais le lui aussi le FMI à la rescousse, avec son cortège de malheur.
Mais dire cette réalité est tellement iconoclaste pour tous ceux qui comptent dans le monde de l’argent roi où nous évoluons, qu’ils préfèrent la taire. Et pensent-ils, agir ainsi les conforte dans leur déni, tellement cela leur est insupportable. »
Reynald Harlaut