Ayant été stimulé par la visite du blog de Sylvaine Delacourte, et souhaitant faire partager ma passion pour cet univers complexe et raffiné, j’ai décidé de consacrer l’article de ce jour aux techniques de fabrication d’un parfum, et plus particulièrement à la technique de l’extraction.
A la base du parfum, il y a les huiles essentielles. Il existe de multiples techniques pour son extraction, c’est-à-dire sa transformation en matière première. Les méthodes de la chimie moderne permettent également de reproduire en laboratoire les odeurs naturelles.
La technique de distillation, utilisée dès l’antiquité est aujourd’hui une technique majeure de la parfumerie traditionnelle. Elle repose sur la capacité qu’a la vapeur d’eau à capter les huiles essentielles. L’eau est portée à ébullition dans la cuve d’un alambic, La vapeur s’élève et s’imprègne au passage des principes odorants des plantes (disposées sur un plateau situé sur la partie supérieure de la cuve), puis elle est condensée pour finalement être séparée des huiles essentielles à la fin du processus.
La technique de l’enfleurage s’appuie sur les propriétés absorbantes des corps gras. Elle peut être pratiquée à chaud ou a froid, cela dépend de la résistance des matières premières à la chaleur. L’enfleurage à chaud (aussi appelé macération), utilisée elle aussi dès l’Antiquité et améliorée par la suite, repose sur l’infusion des éléments odorants dans les matières grasses chauffées. Les mélanges obtenus sont ensuite filtrés à travers des tissus afin d’obtenir des onguents parfumés. Lavée avec de l’alcool, la graisse obtenue est dite absolue.
Certaines plantes trop fragiles ne supportent pas d’être chauffées. Pour en extraire l’essence, on utilisait encore au XXème siècle la technique de l’enfleurage à froid. Elle consiste à étaler une couche de graisse inodore sur les parois d’un châssis en verre recouverte ensuite de fleurs. Ces fleurs sont renouvelées jusqu’à ce que la graisse soit saturée de parfum.
L’extraction par des solvants volatils consiste à dissoudre la matière odorante de la plante dans un solvant que l’on fait ensuite évaporer. Cette technique pratiquée dès le 18ème siècle avec de l’éther, produit coûteux et fortement inflammable, utilise de nos jours des solvants plus adaptés comme l’hexane ou l’éthanol.
D’autres techniques existent telle que l’extraction au gaz carbonique supercritique (permet de réduire les coûts de production), l’expression à froid (destinée aux seuls hespéridés à savoir oranges, citrons, bergamotes…elle consiste à racler les écorces de ces matières premières puis de filtrer, centrifuger et concentrer l’huile obtenue), l’infusion (plutôt destinée aux matières sèches telles que les gousses de vanille…elle n’est presque plus utilisée de nos jours).
Les nouveaux procédés chimiques permettent d’augmenter les quantités de production pour répondre aux besoins toujours plus importants du marché.
Le fractionnement consiste à isoler les différents constituants des essences. Les isolats ainsi obtenus servent de base à la production de matières odorantes dont le parfum peut différer de celui de la plante originale. La chromatographie en phase gazeuse permet de recenser les molécules entrant dans la composition d’une odeur ainsi que leur dosage, afin de dupliquer ensuite cet assemblage.
Dernier né de ces techniques modernes, le headspace permet de capter au mieux, par le biais d’un gaz neutre, les molécules odorantes des fleurs les plus réfractaires aux procédés d’extraction précédents, comme le lilas ou le muguet. Après une analyse chromatographique, le travail du parfumeur consiste alors à les reproduire.
Les différentes essences ainsi obtenues doivent être savamment dosées et combinées par le parfumeur grâce à un orgue à parfums boîtier ou étagère en forme d’orgue contenant une sélection des extraits à mélanger.