La tentation est forte d'assimiler l'opposition à la lutte contre le changement climatique à un crime contre l'humanité. En effet, si cette approche relève plutôt de l'extrêmisme environnemental, il n'en reste pas moins que nier le changement climatique peut avoir des conséquences graves pour certaines populations particulièrement exposées et dont les moyens d'adaptation sont limités.
Comment considérer autrement les démarches des grands groupes industriels internationaux ou les positions des républicains américains, qui refusent de reconnaitre l'enjeu du changement climatique ? Ils justifient leur position par le risque que ferait porter sur leur cadre de vie ou leur capacité de développement, des politiques d'atténuation ou d'adaptation. Parallèlement, ils refusent de financer les travaux scientifiques sur la question (ils sont cohérents ...). Par ces actions, ils augmentent les phénomènes qui impacteront de nombreux pays pauvres, tout en réduisant d'autant leur capacité à s'adapter. Les effets à moyens terme sur les populations de ces pays seront donc une mortalité accrue et une obligation de migration internationale importante.
De telles caractéristiques n'entrent-elles pas généralement dans la définition de termes comme "génocide" ou "purification ethnique" ?
Imaginons donc un instant que ces actions soit reconnues comme crime contre l'humanité dans 30 ou 40 ans ... Des procédures d'enquêtes et des procès pourraient alors être engagées à l'encontre des acteurs qui ont eu le plus d'impact, de manière consciente, quant à la manière dont cet enjeu a été abordé de manière inadaptée dans les années qui ont précédé.
De toute évidence, il faudra que la définition de ce terme évolue, notamment pour pouvoir agir contre les entreprises privées dont le pouvoir sur les populations est de plus en plus fort et réel, au détriment des pays.
Dans de telle perspective et afin de faciliter le travail des commissions d'enquête et des tribunaux internationaux qui seront alors désignés, voire spécifiquement mis en place, il serait opportun d'engager dès à présent une démarche de recensement de l'ensemble des actions qui viennent s'opposer à la lutte contre le changement climatique.
- Le financement de toutes les campagne de "désinformation" ou de dénigrement pseudo-scientifique des travaux sur le changement climatique,
- L'action des grands groupes nationaux ou internationaux qui visent à limiter, voir empêcher toute régulation (par les états ou par l'ONU) sur la question du climat et plus généralement du développement durable,
- Le rôle des lobbies dont l'impact sur les décisions des assemblées (ou congrès) peut être dévastateur ...
Ce recensement a deux buts :
- Montrer quel était le niveau de connaissance et d'information au moment où les actions auront été menées, afin de prouver "l'action en connaissance de cause",
- Garder la mémoire de l'action, de son porteur et de l'impact sur les politiques climatiques nationales et internationales.
Tout ce que j'espère, c'est qu'une telle démarche n'ait pas à servir dans les décennies à venir, mais mieux vaut être prudent !