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"Le probléme, c'est qu'ils ont peur de mourir." (p.61)
L’auteur :
Théo Ananissoh est un écrivain togolais. Ténèbres à midi est son troisième roman.
L’histoire :
Pour Théo, le narrateur, il s'agit d'un retour utile : mettre dans un livre les lieux et les paysages de son enfance. Une amie l'accueille, le guide, le présente aux uns et aux autres ; en particulier à Eric Bamezon, conseiller à la présidence de la République. Celui-ci le convie un soir à dîner. On s'attend à une rencontre avec un homme satisfait de sa vie et heureux de sa réussite ; on découvre, à mesure qu'avance la nuit, un être pris dans un piège aux motifs obscurs...
Ce que j’ai aimé :
- Ténèbres du midi nous offre une vision directe du pays, avec une lucidité rare. Le narrateur n’épargne à aucun moment sa nation, pointant ses aberrations au travers le portrait émouvant d’Eric, conseiller à la présidence errant dans sa ville comme dans sa vie, condamné malgré lui.
« Il n'y a pas de politique, encore moins de pouvoir politique dans le lieu dont il est question dans Ténèbres à Midi. Pour qu'il y ait politique, il faut qu'il y ait des lois entre les hommes. Les gens, là, ne se sont pas encore hissés à un tel niveau éthique et esthétique. Le propos du roman est donc l'état d'avilissement, de sordidité, induits par une telle situation. Ne nous fâchons pas ; je parle de moi et des miens. Que ceux qui sont heureux d'avoir le pays qu'ils ont, passent leur chemin. » (Africultures, entretien de Boniface Mongo-Mboussa avec Théo Ananissoh)
- L’écriture est juste et plante page après page un décor mouvant, une atmosphère particulière de celle que l’on ressent lors de voyages éclairs qui permettent une acuité d’observation que ne permettent pas de plus longs séjours, happés rapidement par le pays.
- Ténèbres à midi cherche à tirer un signal d'alarme :
"Mon pays, depuis une bonne quarantaine d’années, est un lieu sans intelligence et sans aucune vertu. Je voudrais en faire le portrait pour ceux qui viendront après nous. En ce sens, oui, c’est un hommage à ce qu’il deviendra un jour quand l’esprit y prévaudra."
"La dignité ne réside pas dans l’aveuglement sur son propre état, mais dans la conscience qu’on a de soi." (Afrik.com, interview par Birgit Pape-Thoma)
Ce que j’ai moins aimé :
- Rien.
Premières phrases :
« Nadine est française ; elle a trente-sept ans. Ses longs cheveux et ses sourcils noirs lui donnent l’air d’une Orientale. Elle est née et a grandi ici. Sa famille possède des commerces et des exploitations agricoles. Sa mère a perdu la vie dans un accident d’avion il y a un an, et son père a décidé de se retirer des affaires au profit du frère aîné de Nadine. »
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D’autres avis : Hervé
Ténèbres à midi, Théo ANANISSOH, Gallimard, Continents noirs, 2010, 138 p., 13.90 euros
Je remercie Frédérique Romain des Editions Gallimard