Profitons-en pour donner une des Ballades Libres consacrée à Henri de Régnier et aux écoles littéraires nouvelles, extraite des Talentiers (Bibliothèque d'Art de La Critique, 1899), volume illustré de dessins d'Ernest La Jeunesse.
(un tout petit enfant s'en allait à l'école)Desbordes Valmore.
Ballade touchant les mercuriales d'après les vacances ; et défilé en l'honneur du bon poète Henri de Régnier (1)
Voici venir les Symbolistes,
Les Romans et les Rigolos,
Les littérateurs anarchistes,
Et les produits de Saint-Malo.
Encor, voici Fra Diavolo
qui dit de lui : "Je suis Homère,
"et le reste est méli-mélo"
- Régnier, arbore ton oeillière !
Voici : Griffin le Symphoniste,
Qui parlotte comme un Boileau ;
Un Pilon à geule de kiste ;
Dauphin, meunier de Landerneau,
Qui prophétise du naseau.
Voici tous les petits pubères
Qui suivent Retté-Boit-de-l'Eau.
- Régnier, arbore ton oeillière !
enfin, voici les Belges tristes,
Les Suisses, les gens de Breslau ;
Les juifs polonais utopistes ;
Les spirites à grands chapeaux ;
Les victimes de Max Nordau ;
Tous les Jésus à moeurs légères,
Précédés de leurs gigolos ;
- Régnier, arbore ton oeillière !
ENVOI
Muse, que d'aucun, sur ta liste,
Ne se puisse voir sans colère...
Un poète pourtant existe :
Régnier ! - arbore ton oeillière !
(1) Cette ballade fut faite longtemps avant la décoration de Henri de Régnier. elle n'influa en rien, je pense, sur l'empreinte de la boutonnière. R.L.