« Je suis né dessus et j’ai pris mes premiers cours de tennis sur terre battue et, en plus, je trouve que le tennis sur terre battue, c’est beau. » Tsonga ne l’a jamais caché : il a grandi sur terre battue. C’est certainement pour ça qu’il a explosé à 23 ans sur dur. Voilà pourquoi 2011 sera encore son Roland-Garros.
Parce que Jo est un attaquant
Ce n’est certainement pas parce que Nadal court vite, longtemps et qu’il ramène tout sans faire de faute qu’il est intouchable. Jo le sait, d’ailleurs il pris la même Babolat que Nadal. Lui qui joue d’habitude en avançant et en s’appuyant sur un gros service, un gros coup droit et une arme fatale en revers qui s’appelle coup droit de décalage, a adapté son jeu. Sur terre, il court vers l’avant et utilise son gros coup droit et son arme fatale de revers qui s’appelle coup droit de décalage, sans oublier un gros service. Bien sûr, attaquer, ça fait faire quelques fautes et ça abime les genoux, mais après tout, qu’y a-t-il de mieux qu’une surface qui freine les balles pour les attaquants ? Soderling plaide le malentendu, Sampras le concours de circonstances. Tsonga a viré Wino.
Parce qu’il a des options de rechange
En plus, tactiquement, Jo a le choix des armes face aux spécialistes : il peut soit s’accrocher à sa première balle, soit se ruer à la volée quand il n’y a plus rien d’autre à faire pour éviter de faire la faute à chaque fois parce que l’échange dure trop et qu’il n’a jamais l’initiative à cause de ses retours de service. Si vraiment le gars en face est un client, par exemple Montanes ou Gil au deuxième tour, voire Gonzalez, Ferrero ou Wawrinka en huitièmes, il sait exactement quoi faire : la terre battue requiert stratégie et patience, quelques slices de revers peuvent permettre d’attendre le cinquième coup de l’échange pour faire la faute. La deuxième a marché en Australie en 2008 et aussi en Australie en 2008, qui comme chacun sait se joue sur surface rapide. Depuis, Del Potro et la médecine se demandent encore à quoi ressemble la danse des pouces sur le Central.
Parce qu’il connaît enfin les spécialistes
En 2008, il avait zappé la terre sur blessure. En 2007, la frustration était encore plus grande : c’est un calendrier surchargé de tournois sur dur et sur herbe qui l’avait contraint à décliner les qualifs de Roland au profit de Surbiton. Mais grâce à une préparation spécifique, les terriens n’ont désormais plus aucun secret pour lui. En 2009, il apprend à se situer contre Gasquet, Ljubicic, Kohlschreiber et Del Potro. L’année dernière, c’est contre Ferrero, De Bakker et Ferrer qu’il s’est étalonné. Sinon, il a aussi battu Monaco, Almagro, Rochus, Brands, de Bakker et Ouanna et joué Nadal à Rotterdam, Bercy et Miami.
Parce que personne ne le connaît sur terre
C’est l’année ou jamais, rares sont les têtes de série qui débuttent la saison sur Terre avec la panoplie complète du Champion 2010 . A Monte-Carlo, Ferrero lui a pris un peu plus que les quatre jeux qu’il lui avait laissés à Miami. A Madrid, Ljubicic et Federer se souviennent lui avoir serré la main furtivement des mardis de 2008 et 2009. A Barcelone, quelques Espagnols jurent l’avoir vu jouer un quart il y a trois semaines, mais les mêmes jurent aussi que De Bakker était en demie le lendemain. A Rome, Jo aurait chialé comme un gosse en écoutant Mozart. A Casablanca en 2008, il aurait été aperçu battant Montanes, Ouahab et Ventura, mais personne ne peut confirmer qu’il s’agit bien de tennis, d’ailleurs le lauréat s’appellerait Gilles Simon. Youzhny, jamais à court d’idée pour humilier les Français, prétend qu’à Valence, Tsonga aurait abandonné après avoir encaissé neuf jeux d’affilée. A Hambourg, Tsonga est carrément l’ennemi public n°1, puisque une rumeur dégueulasse circule à son propos : il n’aurait battu que Mahut. C’est donc totalement anonyme que Tsonga débarqua à Roland-Garros pour y passer 3 tours. Cette fois, il y aura déjà joué 9 matches et même battu un Top 52 : Julien Benneteau. Mais la pression du public sera sur les autres Français, à commencer par Chardy, qui en a joué le double.